Les cours du pétrole ont enregistré une baisse significative en début de semaine, alors que les inquiétudes croissantes liées à la demande mondiale pèsent lourdement sur le marché de l’énergie. En toile de fond : l’escalade des tensions commerciales, alimentée par la politique tarifaire agressive des États-Unis, qui freine les perspectives de croissance économique à l’échelle mondiale.
Lundi, lors des premiers échanges, le baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 97 cents (soit 1,4 %), pour s’établir à 66,99 dollars. Le brut léger américain (WTI) a suivi la même trajectoire, cédant 96 cents, soit une baisse de 1,5 %, à 63,72 dollars.
Cette tendance baissière contraste fortement avec le rebond observé la semaine précédente, où les prix avaient progressé de plus de 3,5 % à la veille du week-end pascal, portés par les espoirs d’un déblocage diplomatique entre les États-Unis et l’Iran, et les spéculations autour d’un accord commercial transatlantique.
Selon les analystes stratégiques, « la dynamique actuelle de baisse est alimentée par la crainte que les tarifs douaniers américains freinent durablement la croissance économique mondiale, ce qui se traduirait mécaniquement par une demande énergétique affaiblie. »
Les récentes déclarations de l’administration américaine, ainsi que la multiplication des barrières tarifaires — notamment à l’encontre de la Chine et d’autres partenaires économiques clés — alimentent un climat d’incertitude généralisée. Le ralentissement du commerce mondial induit par ces mesures pèse directement sur la consommation de pétrole, particulièrement dans les économies industrialisées, grandes consommatrices d’énergie.
À cela s’ajoute une révision à la hausse de la production par l’OPEP+ à partir du mois de mai. Les pays membres et non membres de l’organisation ont convenu d’une augmentation de 411 000 barils par jour. Toutefois, cette hausse pourrait être en partie compensée par les efforts de certains États visant à corriger leurs excès de production antérieurs.
L’équilibre entre l’offre et la demande demeure fragile : une augmentation de l’offre, combinée à une demande en berne, pourrait accentuer davantage la pression sur les prix dans les prochaines semaines.
Si la perspective d’un assouplissement des sanctions pétrolières contre l’Iran avait récemment ravivé un certain optimisme, les marchés demeurent volatils. L’amélioration des relations entre Téhéran et Washington, même en cas de concrétisation, ne suffira pas à elle seule à dissiper les doutes persistants quant à la résilience de la demande mondiale.
Autre indicateur préoccupant : la chute simultanée du dollar américain et des bourses asiatiques ce lundi, symptôme d’une perte de confiance généralisée des investisseurs.
Un sondage Reuters publié récemment révèle que les économistes estiment à près de 50 % la probabilité d’une récession aux États-Unis dans les 12 mois à venir. Cette inquiétude est d’autant plus significative que les États-Unis restent le premier consommateur de pétrole au monde.
Dans un tel contexte, les marchés pétroliers apparaissent comme pris en étau entre des dynamiques géopolitiques complexes et des fondamentaux économiques vacillants. La volatilité pourrait ainsi s’installer durablement, dans un climat d’attentisme, de prudence et de fragilité.