Dans un contexte politique tendu et à l’approche d’élections très attendues, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a officialisé jeudi 20 mai la nomination de Benjamin Bol Mel au poste de vice-président de son parti, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Une décision qui s’inscrit dans une dynamique de recomposition du pouvoir au sommet de l’État, et qui laisse peu de doute sur l’identité du successeur probable de Salva Kiir.
Âgé de 73 ans et affaibli par des problèmes de santé persistants, Salva Kiir semble amorcer une transition contrôlée vers une nouvelle génération de dirigeants. En propulsant Benjamin Bol Mel, un homme d’affaires et proche de son cercle familial (il serait marié à l’une de ses filles, selon certaines sources), le président envoie un message clair : la succession se prépare, mais elle se fera dans la continuité du pouvoir actuel.
Cette nomination survient quelques mois après que Bol Mel a été désigné vice-président du pays, consolidant ainsi son ascension au sommet de l’appareil étatique et partisan. Son investiture comme numéro deux du SPLM confirme sa position de dauphin officieux, dans un pays encore marqué par les séquelles de la guerre civile et la fragilité des institutions.
La promotion de Bol Mel intervient alors que Salva Kiir a récemment écarté plusieurs figures rivales, dont son ancien vice-président et adversaire historique Riek Machar, arrêté dans des circonstances controversées. Ce recentrage du pouvoir autour d’un cercle restreint de fidèles vise à sécuriser une transition sans heurts, dans un climat de tensions croissantes à l’approche des élections reportées à plusieurs reprises depuis l’indépendance du pays en 2011.
Selon plusieurs analystes, Benjamin Bol Mel a discrètement renforcé son contrôle sur les appareils sécuritaire et financier de l’État depuis fin 2024, en plaçant des loyalistes à des postes stratégiques. Ce repositionnement en coulisses serait une étape clé dans la consolidation de sa légitimité au sein du SPLM, tout en neutralisant les éventuelles poches de résistance internes.
Cependant, cette recomposition du pouvoir ne fait pas l’unanimité. Bien que Bol Mel bénéficie du soutien explicite du président, il reste une figure controversée, notamment en raison des sanctions pour corruption imposées par les États-Unis en 2017. Sa montée en puissance pourrait accentuer les fractures internes au sein du SPLM et susciter de nouvelles crispations au sein de la population, encore traumatisée par des années de conflit.
Dans un pays où la stabilité politique demeure fragile et les institutions encore jeunes, la manière dont se déroulera cette transition sera déterminante pour l’avenir du Soudan du Sud. Si la nomination de Bol Mel semble baliser le chemin vers une relève orchestrée, le chemin vers un pouvoir durable et légitime est encore semé d’incertitudes.