La récente vague de chaleur meurtrière au Pakistan, qui a coûté la vie à plus de 500 sans-abris, met en lumière la vulnérabilité du pays face au changement climatique et les défis structurels qu’il rencontre pour protéger ses populations les plus précaires. Voici une analyse approfondie de cette situation tragique.
La chaleur extrême qui a frappé le sud du Pakistan, en particulier Karachi, est sans précédent. Les températures ont dépassé les 40 °C pendant plusieurs jours consécutifs, atteignant même les 53 °C avec l’humidité, un niveau mortel pour les personnes exposées sans protection adéquate. Cette canicule s’inscrit dans une tendance globale de réchauffement climatique qui rend de tels événements météorologiques plus fréquents et plus intenses.
Les sans-abris et les toxicomanes, souvent sans accès à des refuges adéquats ou à des moyens de se rafraîchir, ont été les plus durement touchés. Faisal Edhi, de la Fondation Edhi, a décrit une situation où les morgues de Karachi sont débordées, recevant des dizaines de corps chaque jour. La majorité des victimes sont des individus marginalisés qui n’ont pas pu échapper à la chaleur infernale.
Les coupures de courant fréquentes aggravent la situation, empêchant les ventilateurs et la climatisation de fonctionner. Ces délestages, courants dans tout le pays pour gérer la demande énergétique, deviennent mortels en période de canicule extrême. Le manque d’électricité empêche également les hôpitaux de fonctionner à pleine capacité, limitant leur capacité à traiter les nombreuses victimes de coups de chaleur.
Les hôpitaux de Karachi ont été submergés par l’afflux de patients souffrant de symptômes de coups de chaleur tels que vomissements, diarrhée et forte fièvre. Le Dr Imran Sarwar Sheikh, chef des urgences, a noté que la majorité des victimes étaient des travailleurs en extérieur, souvent âgés, mais aussi des personnes plus jeunes, soulignant la gravité de la crise.
Les autorités locales et nationales sont critiquées pour leur manque de préparation et de réaction efficace face à cette crise. Les commentaires de résidents comme Mohammad Zeshan pointent du doigt le manque de mesures proactives pour atténuer les effets du changement climatique et protéger les populations vulnérables. Alors que d’autres régions du monde adoptent des stratégies pour faire face à la chaleur extrême, le Pakistan semble en retard, ce qui exacerbe les pertes humaines.
Le changement climatique est un facteur clé dans l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur. Selon la Banque mondiale, le climat du Pakistan se réchauffe beaucoup plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des projections de hausse des températures de 1,3 °C à 4,9 °C d’ici la fin du siècle. En plus des vagues de chaleur, le Pakistan doit également se préparer à des pluies de mousson plus abondantes et potentiellement destructrices, comme en 2022 où des inondations catastrophiques ont causé des milliards de dollars de dégâts.
La tragédie actuelle au Pakistan est un sombre rappel de la réalité du changement climatique et de ses effets dévastateurs sur les populations vulnérables. Il est urgent que le gouvernement pakistanais, ainsi que la communauté internationale, prennent des mesures significatives pour améliorer l’infrastructure, renforcer les systèmes de santé et mettre en place des stratégies de mitigation et d’adaptation au climat pour prévenir de telles catastrophes à l’avenir.