La composition du gouvernement de Michel Barnier, dévoilée le 21 septembre 2024, marque une étape significative dans le paysage politique français, se révélant fortement ancrée à droite. Deux semaines après sa nomination au poste de Premier ministre, Barnier présente une équipe de 39 ministres, où le camp présidentiel, incluant MoDem et Horizons, domine nettement, avec une vingtaine de membres, contre seulement dix provenant des Républicains (LR) et un unique ministre de la gauche.
L’élection de figures emblématiques de la droite, comme Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, illustre ce changement de cap. Retailleau, connu pour ses positions conservatrices, apporte une vision radicale, orientée vers une « politique de civilisation ». Sa nomination a suscité des réactions mitigées, tant dans l’opposition de gauche que parmi certains membres du camp présidentiel, qui craignent une radicalisation des positions gouvernementales.
La parité homme-femme est respectée dans la composition générale du cabinet, mais les ministères régaliens sont exclusivement attribués à des hommes, un choix qui pourrait renforcer les critiques à l’égard de l’inclusivité de ce gouvernement. Cette configuration pose la question de la représentation des différentes sensibilités politiques au sein d’un exécutif qui semble, sur le papier, plus enclin à prendre des mesures radicales.
Les réactions à cette annonce n’ont pas tardé. Des personnalités de gauche, comme Olivier Faure, dénoncent ce gouvernement jugé « réactionnaire », tandis que Jean-Luc Mélenchon appelle à un rejet immédiat de l’équipe Barnier. À droite, certains, comme Jordan Bardella du Rassemblement National, critiquent la nouvelle équipe pour son « retour au macronisme », suggérant qu’elle ne représente pas une véritable rupture avec le passé.
L’un des noms les plus controversés est sans doute Bruno Retailleau, dont les opinions sur des questions sociétales, comme l’immigration et l’IVG, sont particulièrement tranchés. Son approche, centrée sur « l’ordre » et la « fermeté », pourrait exacerber les tensions au sein de l’Assemblée nationale, notamment face à des projets de loi qui requièrent un consensus plus large. Retailleau, connu pour sa capacité à débattre sans notes et à mobiliser son groupe, pourrait se heurter à des résistances à l’intérieur même de la majorité présidentielle.
Avec cette nouvelle équipe, Barnier a la lourde tâche de maintenir une cohésion dans un gouvernement aux lignes de fractures bien visibles. Les oppositions internes, notamment entre la droite dure et le centre, pourraient menacer la stabilité de l’exécutif. Les critiques sur la gestion des affaires publiques, qui émergent déjà, rappellent la nécessité d’un dialogue constructif au sein du gouvernement pour éviter une sclérose politique.