Deux ans après la faillite économique qui a plongé le Sri Lanka dans une crise sans précédent, les électeurs se sont rendus aux urnes pour élire un nouveau président. Le scrutin, tenu dans un climat de mécontentement général, révèle les tensions sous-jacentes d’une population épuisée par des années d’austérité et de restrictions.
Le président sortant, Ranil Wickremesinghe, 75 ans, s’est engagé à poursuivre un redressement économique difficile, soutenu par un programme basé sur l’austérité et des réformes structurelles, en échange d’un prêt d’urgence du FMI de 2,9 milliards de dollars. Bien que son administration ait restauré un certain ordre et que la croissance ait recommencé à peine à se manifester, la pauvreté reste un fléau, touchant plus d’un quart des 22 millions d’habitants du pays. Cette réalité soulève des questions cruciales sur l’efficacité des mesures prises et leur impact sur le quotidien des Sri Lankais.
L’opposition, représentée par Sajith Premadasa et Anura Kumara Dissanayaka, évoque un besoin urgent de changement. Dissanayaka, à la tête du Front de libération du peuple (JVP), prône une renégociation des termes de l’accord avec le FMI, promettant de rompre avec les politiques d’austérité qui ont engendré la frustration populaire. Son positionnement à gauche, associé à une promesse de nouvelle culture politique, pourrait séduire les électeurs désillusionnés par la classe dirigeante traditionnelle.
Premadasa, ancien allié de Wickremesinghe, se positionne également comme un candidat du changement, espérant capter une part significative des voix des mécontents. Sa capacité à offrir une alternative crédible au programme austéritaire de Wickremesinghe pourrait s’avérer déterminante dans un scrutin où aucun candidat ne semble en mesure de dépasser les 50 % des voix au premier tour, incitant potentiellement à un second tour.
Les premiers résultats, indiquant une domination d’Anura Kumara Dissanayaka, témoignent d’un désir profond de rupture avec le passé. Les électeurs expriment leur lassitude face à la gabegie des fonds publics et à une classe politique perçue comme déconnectée des réalités du pays. Comme l’a souligné un électeur, le besoin d’un changement radical est pressant.
La situation politique est d’autant plus complexe que le Sri Lanka est encore en proie à des défis économiques considérables, exacerbés par une dette écrasante de 46 milliards de dollars, majoritairement contractée auprès de la Chine. Les promesses des candidats, bien que séduisantes, devront être confrontées à la réalité des exigences du FMI et à l’héritage lourd d’une crise économique.
Les élections de ce week-end ne se limitent pas à un simple changement de leadership ; elles constituent un moment décisif pour le Sri Lanka, oscillant entre la persistance d’un modèle économique d’austérité et l’espoir d’une transformation sociale et politique. Les résultats définitifs, attendus avec grande impatience, , détermineront la voie à suivre pour un pays encore fragilisé, mais désireux de se relever de ses cendres.