La Roumanie traverse une période de turbulences politiques après la démission soudaine de son président, Klaus Iohannis. Sous la pression d’une opposition de plus en plus virulente et confronté à un mécontentement populaire croissant, le chef de l’État a annoncé son départ anticipé, une décision qui pourrait remodeler le paysage politique du pays dans les mois à venir.
Dans une allocution solennelle à Bucarest, Klaus Iohannis a annoncé qu’il quitterait ses fonctions le 12 février, soit près d’un an avant la fin officielle de son mandat. Cette décision intervient alors qu’il faisait face à une menace de destitution imminente, portée par une opposition galvanisée par l’annulation controversée du premier tour de l’élection présidentielle en décembre dernier.
« Afin d’épargner une crise à la Roumanie et aux citoyens roumains, je quitterai mes fonctions », a-t-il déclaré, soulignant que son maintien à la présidence ne ferait qu’exacerber les tensions dans le pays.
La crise politique actuelle trouve son origine dans l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle du 24 novembre 2024. Ce scrutin avait vu la victoire surprise du candidat d’extrême droite, Calin Georgescu, un politicien aux positions eurosceptiques et prorusses. Face à des soupçons d’ingérence russe, la Cour constitutionnelle a décidé d’annuler les résultats, un événement extrêmement rare au sein de l’Union européenne.
Cette décision a déclenché une vague de manifestations dans le pays, avec des milliers de Roumains dénonçant un « coup d’État institutionnel ». L’extrême droite, de son côté, a saisi cette opportunité pour mobiliser ses partisans et réclamer un nouveau scrutin immédiat, accusant les élites politiques d’avoir confisqué la volonté populaire.
Déjà fragilisé par une popularité en berne, Klaus Iohannis s’est retrouvé dans une impasse politique. Son maintien au pouvoir jusqu’à la tenue de nouvelles élections en mai était contesté par l’opposition, qui voyait en lui un obstacle à la stabilité du pays.
Le parti ultranationaliste AUR, mené par George Simion, a immédiatement salué la démission du président, y voyant une « victoire du peuple roumain ». De son côté, Calin Georgescu a exigé la reprise immédiate du second tour de la présidentielle, tout en contestant en justice l’annulation du scrutin.
Dans l’attente d’une nouvelle élection, l’intérim sera assuré par le président du Sénat, Ilie Bolojan, chef du Parti national libéral (PNL). Son rôle sera néanmoins limité, et il devra faire face à une situation explosive où les tensions politiques risquent de s’exacerber davantage.
En parallèle, les forces pro-européennes cherchent à s’unir pour contrer la montée de l’extrême droite. Crin Antonescu, ancien président du Sénat, est pressenti pour être le candidat unique d’une coalition démocratique, tandis que le maire de Bucarest, Nicusor Dan, envisage également une candidature indépendante.
Avec un climat politique sous haute tension et une extrême droite en pleine ascension, la Roumanie s’apprête à vivre une période d’incertitude majeure. L’issue du scrutin prévu en mai sera déterminante pour l’avenir du pays et ses relations avec l’Union européenne.
L’onde de choc provoquée par la démission de Klaus Iohannis ne fait que commencer. Dans les semaines à venir, les regards seront tournés vers Bucarest, où se jouera l’un des épisodes politiques les plus déterminants de l’histoire récente du pays.