Le 13 février 2025, Emmanuel Macron a prononcé un discours décisif lors de la conférence internationale sur la transition politique en Syrie, tenue à Paris. Dans un contexte géopolitique tendu et marqué par une décennie de guerre civile, le président français a lancé une proposition ambitieuse : une coopération renforcée avec le gouvernement syrien pour combattre l’État organisation islamique (EI), toujours présente malgré sa défaite militaire en 2019. Ce geste diplomatique s’inscrit dans un cadre plus large visant à soutenir la Syrie dans ses efforts de reconstruction et à stabiliser la région du Moyen-Orient.
En clôturant l’événement, Emmanuel Macron a mis en exergue la priorité absolue qu’est la lutte contre l’EI, tout en reconnaissant que la Syrie devait être un acteur clé dans cette bataille. « La lutte contre Daech reste essentielle pour la stabilité de la Syrie et de ses voisins. Si Damas souhaite prendre part activement à cette guerre contre les terroristes, la France se tient prête à soutenir cette initiative », a affirmé le président. Macron a souligné que la France et ses partenaires internationaux étaient engagés à éradiquer les groupes jihadistes, mais a insisté sur le fait que la Syrie devait être pleinement impliquée dans cette dynamique, et que cela passe par une coopération directe avec la coalition « Inherent Resolve », active dans la région depuis plusieurs années.
L’invitation faite à la Syrie repose sur un constat simple : malgré la défaite militaire de l’EI en 2019, les cellules dormantes et les résidus de cette organisation continuent de représenter une menace, tant en Syrie qu’en Irak. Le président français a donc proposé que Damas renforce son implication dans les efforts internationaux pour éradiquer les groupes terroristes, précisant que la France, comme d’autres partenaires de la coalition, serait prête à intensifier ses actions militaires et humanitaires pour soutenir cette lutte.
Au-delà de la question sécuritaire, Macron a insisté sur l’importance de la reconstruction du pays. La guerre civile, qui dure depuis 2011, a laissé la Syrie exsangue, avec des infrastructures détruites et une économie anéantie. L’ONU estime que la reconstruction nécessitera plus de 400 milliards de dollars. Dans ce contexte, Macron a annoncé un soutien financier de 50 millions d’euros, mais aussi un engagement diplomatique pour lever progressivement les sanctions économiques qui freinent la relance du pays. « Nous devons aider la Syrie à se relever, et cela implique de lever les obstacles à son développement économique. L’Europe, dans ce cadre, travaille activement à la levée des sanctions sectorielles qui touchent l’agriculture, l’énergie et les infrastructures », a précisé le chef de l’État français.
La reconstruction, selon Macron, ne se limite pas aux infrastructures physiques, mais doit également toucher à la structure politique et sociale du pays. Il a réitéré son soutien à une gouvernance syrienne inclusive et représentative, reflétant la diversité du peuple syrien. Il a encouragé les autorités syriennes, représentées par le gouvernement intérimaire dirigé par Ahmed al-Charaa, à prendre des mesures concrètes pour intégrer les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes dans l’armée nationale syrienne. Cette intégration des FDS, alliés des États-Unis dans la lutte contre l’EI, fait partie d’un effort plus large pour assurer une transition politique harmonieuse et mettre fin aux divisions internes du pays.
En parallèle, Macron a appelé les autres acteurs régionaux à jouer un rôle constructif dans la reconstruction et la stabilisation de la Syrie. Les puissances voisines, notamment l’Arabie Saoudite et la Turquie, qui avaient un temps soutenu des forces opposées au régime d’Assad, ont progressivement réorienté leur politique, tentant de se rapprocher du gouvernement syrien dans le mais de participer à la reconstruction. La Syrie, selon Macron, doit ainsi ouvrir la voie à une réconciliation régionale.
Macron a encouragé la Syrie à « aller au-delà de ses divisions internes » et à trouver un compromis avec les FDS afin d’éviter toute nouvelle escalade de tensions. « L’intégration des FDS dans l’armée syrienne n’est pas seulement une nécessité pour la Syrie, mais aussi pour la stabilité de toute la région », a-t-il précisé.