Le Pakistan a une nouvelle fois été frappé par la violence terroriste. Le vendredi 28 février 2025, un attentat-suicide a ciblé la madrassa Daroul Ouloum Haqqania à Akora Khattak, à environ 110 kilomètres au nord-ouest d’Islamabad, faisant au moins six morts et plusieurs blessés. Parmi les victimes figure Hamid ul-Haq Haqqani, directeur de cet établissement historique fréquenté par de nombreux hauts dirigeants talibans pakistanais et afghans.
L’attentat a eu lieu lors de la grande prière hebdomadaire musulmane, un moment où des centaines de fidèles étaient rassemblés. Selon les autorités locales, l’explosion s’est produite au premier rang, à proximité de l’imam. Le kamikaze a déclenché sa charge explosive alors que de nombreux fidèles se pressaient pour saluer Hamid ul-Haq Haqqani, ancien membre du Parlement pakistanais.
Les témoins ont décrit une scène de chaos : des éclats de verre jonchaient le sol, une flaque de sang était visible sur les tapis de prière, et les murs de l’établissement portaient encore les marques de la déflagration. Rapidement, les forces de sécurité ont bouclé la zone, tandis que les services d’urgence transportaient les blessés vers les hôpitaux les plus proches.
L’attentat n’a pas été immédiatement revendiqué, mais les soupçons se portent sur l’État islamique (EI), selon le ministère de l’Intérieur afghan. Kaboul et Islamabad s’accusent mutuellement de permettre aux cellules de l’EI d’opérer sur leur territoire pour frapper le pays voisin.
Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Mohsen Naqvi, ont condamné cet acte « terroriste » et promis une riposte ferme. Le chef de la police locale, Abdul Rasheed, a déclaré que des investigations étaient en cours pour identifier l’auteur de l’attaque et ses éventuels complices.
La madrassa Daroul Ouloum Haqqania : un symbole du mouvement taliban fondée il y a plusieurs décennies, cette école coranique est connue pour avoir formé de nombreux leaders talibans, dont le fondateur du mouvement, le mollah Omar. Elle est surnommée « l’université du jihad » en raison de son rôle dans la formation idéologique et militaire des combattants talibans depuis les années 1990.
Son ancien directeur, Sami ul-Haq Haqqani, père de la victime Hamid ul-Haq, était un fervent partisan des talibans et avait soutenu leur prise de pouvoir en Afghanistan en 1996 et, plus récemment, en 2021. Son influence s’étendait également au réseau Haqqani, connu pour ses opérations militaires et ses attentats-suicides en Afghanistan. Aujourd’hui, plusieurs de ses anciens membres occupent des postes clés au sein du gouvernement afghan.
L’attaque contre cette madrassa s’inscrit dans une recrudescence des violences au Pakistan. Selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d’Islamabad, l’année 2024 a été la plus meurtrière de la décennie, avec plus de 1 600 morts dans des attaques terroristes, dont 685 membres des forces de sécurité.
Les experts estiment que la montée en puissance de l’EI dans la région représente une menace croissante, tant pour le Pakistan que pour l’Afghanistan. L’attentat de la madrassa Haqqania montre que même les lieux symboliques et hautement sécurisés ne sont pas à l’abri de la violence terroriste.