Réunis dimanche à Londres, les alliés européens de l’Ukraine ont affiché leur unité pour soutenir Kiev face à la Russie. Keir Starmer, hôte du sommet, a présenté un plan en quatre axes visant à instaurer la paix et renforcer la sécurité européenne, tout en appelant à un appui solide des États-Unis. Autour de Volodymyr Zelensky, 18 dirigeants ont promis des garanties durables pour l’Ukraine, malgré les tensions transatlantiques.
Keir Starmer a dévoilé une stratégie claire : maintenir l’aide militaire à Kiev, associer l’Ukraine aux pourparlers de paix, prévenir toute nouvelle offensive russe et constituer une « coalition des volontaires » pour garantir un futur accord. « L’Europe doit porter le poids de cet effort », a-t-il martelé, tout en précisant que le succès dépendrait d’un partenariat étroit avec Washington. Ce plan, élaboré avec la France et d’autres alliés, sera prochainement proposé aux États-Unis. « Nous sommes à un carrefour historique », a insisté le Premier ministre britannique.
Pour concrétiser cet engagement, le Royaume-Uni met 1,6 milliard de livres sterling (1,94 milliard d’euros) sur la table, permettant à l’Ukraine d’acheter 5 000 missiles antiaériens légers (LMM) fabriqués à Belfast par Thales. Ces armes, destinées à contrer drones et missiles russes, généreront 200 emplois en Irlande du Nord. S’ajoute à cela un prêt de 2,26 milliards de livres signé samedi pour les forces ukrainiennes. « La paix en Europe est la clé de notre stabilité », a déclaré Starmer, répondant aux questions sur un possible déploiement de troupes britanniques.
Les dirigeants présents – Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Giorgia Meloni, Donald Tusk ou encore Justin Trudeau – ont réaffirmé leur détermination. Mark Rutte, chef de l’OTAN, a prédit une hausse des budgets de défense européens, qualifiant cela de « signal fort ». Ursula von der Leyen a plaidé pour un « réarmement urgent » de l’Europe, annonçant un plan détaillé pour le sommet de l’UE jeudi à Bruxelles. Sur X, Tusk a salué une Europe enfin « réveillée », tandis que Meloni a mis en garde : « Une paix fragile serait un échec. » Scholz, lui, a réitéré que l’Ukraine reste « victime d’une agression russe incontestable ».
Fraîchement sorti d’un affrontement tendu avec Donald Trump à Washington, Zelensky a trouvé à Londres un appui sans faille. Accueilli avec ferveur, il a été assuré d’un soutien « indéfectible » par Starmer et ses pairs. Après le sommet, il a rejoint le roi Charles III à Sandringham, où sa tenue décontractée – critiquée outre-Atlantique – n’a pas terni l’échange.
Le sommet s’est tenu sous l’ombre des pressions américaines. Mike Waltz, conseiller de Trump, a laissé entendre que Zelensky pourrait être sacrifié si Washington changeait de cap. Trump, qui privilégie des pourparlers directs avec Moscou, avait menacé de lâcher Kiev. Starmer, qui s’est entretenu avec lui la veille, a balayé les doutes : « Les États-Unis restent un allié fiable. » Tusk, lui, a appelé à une voix unifiée face au « chantage » de Poutine.
À Londres, Bruxelles, Berlin, Turin et Boston, des milliers demanifestants pro-ukrainiens ont défilé ce week-end. « La guerre continue », lisait-on devant Downing Street, signe d’une pression populaire croissante sur les dirigeants.
Ouverte à des partenaires comme le Canada, la « coalition des volontaires » divise encore. Meloni reste sceptique sur des engagements trop lourds, tandis que Macron évoque une dissuasion nucléaire européenne. Alors que Bruxelles se prépare à trancher, l’Europe joue gros pour sa sécurité et celle de l’Ukraine.