Alors que la guerre en Ukraine entre dans une phase de grande incertitude, la « coalition des volontaires » — un groupe d’une trentaine de pays alliés de Kiev — s’est réunie jeudi au siège de l’Otan à Bruxelles pour tenter de jeter les bases d’un plan de sécurité à long terme pour l’Ukraine. Cette réunion, inédite à l’échelle ministérielle, marque un tournant stratégique dans l’approche occidentale du conflit, alors que les négociations de paix stagnent et que les risques de reprise des hostilités demeurent élevés.
Lancée conjointement par la France et le Royaume-Uni, cette coalition vise à bâtir une force de réassurance multinationale qui empêcherait toute nouvelle agression russe après la signature d’un éventuel cessez-le-feu. Mais à ce jour, les contours de cette force restent encore flous, en dépit d’un engagement politique croissant.
« Notre planification est réelle et substantielle. Nos plans sont bien élaborés et nous avons des objectifs clairs pour l’Ukraine », a assuré le ministre britannique de la Défense, John Healey, en amont de la réunion.
Quatre objectifs prioritaires ont été définis pour cette mission future : assurer la sécurité du ciel ukrainien,protéger les voies maritimes,soutenir la stabilité sur le terrain, etaccompagner l’armée ukrainienne pour qu’elle devienne elle-même une force de dissuasion crédible.
Cependant, ces ambitions se heurtent à plusieurs obstacles, à commencer par l’absence d’un cessez-le-feu formel entre Moscou et Kiev. Tant que les combats se poursuivent et que les négociations peinent à avancer, la mission de cette coalition ne peut être clairement définie, comme l’a souligné le ministre néerlandais Ruben Brekelmans :
« Il faut clarifier la mission potentielle, son mandat et les différentes options selon l’évolution du terrain. »
Autre source d’inquiétude : l’absence de garantie américaine dans cette initiative européenne. Pour de nombreux participants, le soutien de Washington demeure indispensable à la crédibilité et à l’efficacité d’un tel dispositif.
« Les États-Unis sont encore un acteur crucial pour garantir la sécurité à long terme de l’Ukraine », a insisté le ministre finlandais Antti Häkkänen.
À ce jour, seuls quelques pays — notamment la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les États baltes — ont exprimé leur disposition à contribuer à cette force par des moyens militaires. Néanmoins, la question reste posée : où cette force serait-elle déployée ? En territoire ukrainien ou à proximité immédiate ? Et surtout, combien de soldats seraient mobilisés dans un contexte de fatigue politique et budgétaire croissante chez certains alliés ?
Malgré ces zones d’ombre, la réunion marque un pas décisif vers la création d’un cadre européen coordonné en matière de sécurité ukrainienne, en parallèle — mais non en concurrence — avec l’Otan. Pour Kiev, cette mobilisation diplomatique représente un signal fort de solidarité, à défaut d’un engagement militaire massif immédiat.