À 48 heures d’un scrutin électoral déjà controversé, les tensions politiques atteignent un nouveau sommet au Venezuela. Juan Pablo Guanipa, figure de proue de l’opposition démocratique et proche allié de la leader Maria Corina Machado, a été arrêté vendredi 23 mai par les autorités vénézuéliennes, relançant les accusations de dérive autoritaire du régime de Nicolas Maduro.
Ancien député de 60 ans, Guanipa était en clandestinité depuis l’élection présidentielle de juillet 2024, dont l’opposition conteste les résultats, dénonçant une fraude massive. L’arrestation survient dans un climat explosif : la plupart des opposants ont appelé au boycott du scrutin législatif et régional prévu ce dimanche, le qualifiant de simulacre électoral.
Des accusations graves et une mise en scène sécuritaire
Le ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello, a accusé Juan Pablo Guanipa de faire partie d’un « réseau terroriste » visant à saboter les élections. Selon ses déclarations télévisées, il sera poursuivi pour terrorisme, incitation à la haine, blanchiment d’argent et tentative de déstabilisation. Des images diffusées sur les chaînes d’État montrent Guanipa menotté, portant un gilet pare-balles, entouré de policiers masqués, dans une mise en scène destinée à frapper les esprits.
Selon le ministère, quatre téléphones et un ordinateur portable saisis à son domicile contiendraient les preuves d’un « plan criminel ».
Dans un message publié après son arrestation, sans doute préparé à l’avance, Guanipa affirme :« Si vous lisez ceci, c’est parce que j’ai été enlevé par les forces du régime Maduro. (…) Aujourd’hui, je suis injustement emprisonné, mais jamais vaincu. »
Maria Corina Machado, elle-même visée par le pouvoir et toujours en clandestinité, a immédiatement réagi :« C’est du TERRORISME D’ÉTAT. Guanipa est un homme courageux et intègre. »
Le gouvernement vénézuélien a intensifié la répression ces derniers jours : selon Cabello, 70 personnes ont été arrêtées dans ce qu’il qualifie de vaste conspiration. Parmi les suspects figureraient des ressortissants étrangers – notamment un Équatorien, un Argentin, un Serbe, un Allemand et plusieurs Pakistanais – accusés de préparer des attentats contre des hôpitaux, stations de métro et infrastructures électriques.
Le procureur général Tarek William Saab a enfoncé le clou dans la rhétorique officielle, accusant Guanipa de « lien avec des trafiquants de drogue » et de vouloir saboter l’élection présidentielle du 28 juillet.
Les critiques fusent au niveau international. Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, a exprimé sa « vive préoccupation » face à ce qu’il considère comme une arrestation « arbitraire » et une nouvelle attaque contre la démocratie.
Dans le pays, la peur règne. Les frontières terrestres ont été renforcées, les vols avec la Colombie suspendus. 400 000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés pour encadrer le scrutin, dans un climat qui s’apparente davantage à une opération de contrôle qu’à une élection libre.