Bruxelles renforce sa lutte contre les flux financiers illicites. Le 10 juin 2025, la Commission européenne a mis à jour sa liste des juridictions à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Parmi les nouvelles entrées, cinq pays africains, dont l’Algérie, sont désormais dans le viseur de l’UE.
La Commission européenne a actualisé le 10 juin sa « liste noire » des pays tiers à haut risque, en s’appuyant sur les travaux du Groupe d’action financière (GAFI) et sur les exigences de sa propre directive anti-blanchiment (AMLD). Objectif : protéger le système financier européen contre des flux suspects, en imposant une vigilance renforcée aux institutions financières traitant avec les pays concernés.
Sur les dix nouveaux États ajoutés figurent cinq pays africains : Algérie, Angola, Côte d’Ivoire, Kenya et Namibie. Ils rejoignent une liste déjà composée de pays comme le Liban, le Laos, le Venezuela, Monaco ou encore le Népal.
L’entrée de l’Algérie sur cette liste n’est pas une surprise. Elle avait déjà été placée sur la liste grise du GAFI en octobre 2024, en raison de « graves lacunes stratégiques » dans ses mécanismes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. L’Union européenne reprend ce constat et va plus loin : elle exige de ses États membres qu’ils appliquent des mesures de contrôle accrues lors de transactions impliquant l’Algérie.
Cette inscription est un nouveau coup dur pour Alger. Malgré les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune, les promesses de réformes sont restées lettre morte. L’une des recommandations majeures, la fermeture du marché informel des devises (« Square »), n’a toujours pas été appliquée. Ce marché parallèle, qui fonctionne comme une véritable banque centrale de l’ombre, continue de brasser des milliards sans traçabilité ni contrôle.
Plus inquiétant encore, cette décision européenne intervient quelques jours après la révélation d’un rapport des services de renseignement espagnols. Celui-ci établit un lien direct entre les milices soutenues par l’Algérie, et plusieurs groupes terroristes actifs au Sahel, notamment AQMI.
Malgré un contexte géopolitique explosif, l’Algérie n’a pas encore mis en œuvre les réformes structurelles exigées. La Commission européenne souligne que sa décision repose sur des évaluations approfondies, y compris des missions d’observation sur le terrain, conduites en coordination avec le GAFI. Si rien ne change, Alger risque de rester durablement inscrit sur cette liste, voire de glisser vers la « liste noire » définitive aux côtés de régimes comme l’Iran, la Corée du Nord ou la Birmanie.