Lancée avec une intensité sans précédent le 16 juin 2025, l’offensive aérienne israélienne contre l’Iran marque un tournant dans le conflit régional. Si elle ne s’apparente pas encore à une guerre totale, cette opération dépasse la neutralisation des capacités nucléaires iraniennes pour s’inscrire dans une stratégie de déstabilisation structurelle du régime des Mollahs. En ciblant notamment les canaux de communication étatiques, comme la radio et la télévision d’État iranienne, Israël cherche à affaiblir le contrôle idéologique du régime. Les objectifs de Benjamin Netanyahou semblent évoluer, oscillant entre impératifs de sécurité nationale et une ambition plus audacieuse : un changement de régime à Téhéran.
Tsahal a frappé des infrastructures stratégiques iraniennes, provoquant des destructions significatives. Parmi les cibles figurent des sites nucléaires majeurs — Natanz, Fordow, Arak —, des centres économiques, des installations de recherche, des scientifiques de haut rang et des cadres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique. Un coup particulièrement symbolique a été porté au canal de communication du régime : la radio et la télévision d’État iranienne ont été bombardées, privant les Mollahs d’un outil clé de propagande. Une vidéo relayée par le compte BNO News illustre l’impact des bombes israéliennes sur ces infrastructures.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, avait prévenu dans un communiqué que la télévision d’État était « sur le point de disparaître », la qualifiant de « porte-voix de la propagande et de l’incitation à la violence ». Il a ajouté que « l’évacuation des habitants des environs a commencé », en référence à l’ordre d’évacuation lancé pour les habitants de Téhéran, soulignant la gravité de la situation. En neutralisant temporairement les défenses antiaériennes iraniennes, Israël exploite une fenêtre d’opportunité pour infliger des dommages structurels à l’appareil d’État iranien, bien au-delà de la sphère militaire ou nucléaire.
Dans une allocution en anglais adressée directement au peuple iranien, Benjamin Netanyahou a adopté une rhétorique inédite, qualifiant le régime de Téhéran de « dictature oppressive » et évoquant ouvertement la possibilité d’un changement de régime. Ce ton, qui dépasse le cadre strictement sécuritaire, marque un tournant. Jusqu’à récemment, la rhétorique israélienne se concentrait sur la menace nucléaire iranienne. Désormais, Netanyahou semble viser une transformation politique profonde, cherchant à rallier la population iranienne contre ses dirigeants. La destruction des médias d’État, vecteurs de la propagande officielle, s’inscrit dans cette logique de fragilisation idéologique.
Cette approche s’inscrit dans un contexte diplomatique en panne. L’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) est moribond, et les efforts multilatéraux pour relancer les négociations avec Téhéran sont au point mort. En l’absence de solutions diplomatiques, l’opération israélienne apparaît comme une tentative de redessiner les équilibres régionaux par la force.
Obnubilé depuis deux décennies par la menace iranienne, Netanyahou semble voir dans cette offensive une opportunité historique. Au-delà de la neutralisation du programme nucléaire, il ambitionne de fragiliser durablement le régime des Mollahs, voire de provoquer son effondrement. La destruction des canaux de communication étatiques renforce cette stratégie en privant le régime d’un moyen de contrôler l’opinion publique. Cependant, cette approche n’est pas exempte de calculs politiques internes. Affaibli par des controverses domestiques, Netanyahou pourrait chercher à restaurer son image de leader fort, capable de redéfinir la géopolitique régionale.
Ce pari est toutefois risqué. L’Iran, loin de capituler, promet des représailles « sans limite », ce qui pourrait entraîner une escalade incontrôlable. Les civils iraniens, déjà touchés par les conséquences des frappes, des évacuations et des destructions d’infrastructures comme la télévision d’État, paient un lourd tribut, amplifiant les tensions internes et régionales.
Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, adoptent une position ambiguë. Officiellement, Washington appelle à la retenue, mais Trump a déclaré que les États-Unis étaient « prêts à agir si nécessaire », sans préciser la nature de cette intervention. Cette ambiguïté alimente l’incertitude, les marchés et les chancelleries scrutant chaque signal en provenance de Washington. Les alliés régionaux, comme l’Arabie saoudite, restent en retrait, conscients des risques d’un élargissement du conflit.
L’opération israélienne, par son ampleur et ses objectifs, soulève une question centrale : s’agit-il d’une campagne strictement défensive ou d’une entreprise idéologique visant à remodeler l’Iran ? La destruction des médias d’État, combinée aux frappes sur des cibles stratégiques et au discours de Netanyahou, suggère une combinaison des deux : neutraliser une menace immédiate tout en saisissant une opportunité historique de déstabiliser un adversaire de longue date.