Le Mexique est une nouvelle fois endeuillé par un acte de violence ciblée : Martha Laura Mendoza, mairesse de Tepalcatepec dans l’État du Michoacán, a été assassinée par balles lundi, moins de 48 heures après l’exécution d’une autre élue locale, Lilia Garcia, dans l’État voisin d’Oaxaca.
Selon les premières informations relayées par l’ancien maire de Morelia, Guillermo Valencia, sur le réseau social X, l’attaque a été directe et ciblée. « On me confirme qu’on vient d’assassiner la présidente municipale de Tepalcatepec. Une attaque directe contre elle et son époux alors qu’ils sortaient de leur domicile », a-t-il écrit. L’époux de la mairesse aurait lui aussi succombé à ses blessures.
Ce double assassinat en deux jours illustre la détérioration dramatique du climat de sécurité pour les élus locaux au Mexique. Martha Laura Mendoza, membre du parti au pouvoir Morena, se présentait comme une femme engagée dans les luttes sociales. Sur son profil, elle se décrivait comme « mère, épouse et présidente municipale impliquée dans la défense de sa communauté ».
Tepalcatepec se situe dans le Michoacán, un État stratégique aussi bien économiquement – c’est le premier producteur mondial d’avocats – que criminellement, en raison de la présence de groupes armés puissants. Parmi eux, « La Nueva Familia Michoacana », un cartel redouté classé parmi les organisations terroristes par les États-Unis sous l’administration Trump.
Deux jours avant ce drame, Lilia Garcia, mairesse de San Mateo Piñas (État d’Oaxaca), avait été tuée par cinq hommes armés qui ont fait irruption dans sa mairie en plein jour. Le parquet local a annoncé enquêter sur « cinq mobiles probables », parmi lesquels un détournement de fonds publics, la falsification de documents officiels, et le trafic illégal de bois.
Ces meurtres s’inscrivent dans une longue série d’agressions et d’assassinats visant des élus et fonctionnaires municipaux, souvent laissés sans protection face à la mainmise des cartels sur certaines régions. Rien qu’au cours de la dernière année électorale, plus d’une trentaine de candidats ou responsables locaux ont été assassinés.
Même la capitale Mexico, longtemps épargnée par cette spirale de violence, n’est plus un sanctuaire. Il y a un mois à peine, deux proches collaborateurs de Clara Brugada, mairesse de la ville, ont été abattus en pleine rue.
Face à cette escalade, le gouvernement mexicain affirme avoir mobilisé des unités spéciales pour protéger les autorités locales. Mais ces annonces peinent à convaincre, tant les cartels semblent infiltrer les rouages du pouvoir et imposer leur loi par les armes.
Malgré l’onde de choc provoquée par ces assassinats, la réaction du gouvernement fédéral reste pour l’instant timide. Les appels à renforcer la protection des élus locaux se multiplient, tandis que les organisations de défense des droits humains réclament une stratégie claire pour lutter contre l’impunité endémique.
En attendant, la liste des élus tombés sous les balles ne cesse de s’allonger, et avec elle, celle des communautés orphelines d’un leadership démocratique que la violence cherche à réduire au silence.