Une nouvelle attaque sanglante a frappé le Baloutchistan, région instable du sud-ouest du Pakistan, frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des hommes armés ont intercepté deux bus de transport civil, en ont fait descendre neuf passagers après vérification de leurs papiers d’identité, avant de les exécuter froidement en bord de route.
Selon Naveed Alam, représentant du gouvernement local, « les terroristes ont forcé les deux bus à s’arrêter sur une autoroute, ont sorti neuf passagers, puis les ont tous tués ». Les victimes, selon les autorités, étaient toutes originaires du Pendjab, province la plus peuplée et influente du pays, régulièrement ciblée par les séparatistes baloutches.
L’attentat a été revendiqué par le Front de libération du Baloutchistan (BLA), groupe armé séparatiste engagé depuis des décennies dans une lutte violente contre le gouvernement central pakistanais, qu’il accuse de marginaliser la région et de piller ses ressources naturelles.
Le Baloutchistan, riche en gaz et en minerais, mais largement sous-développé, est le théâtre d’une insurrection armée persistante. Les groupes séparatistes, dont le BLA est le plus actif, y mènent régulièrement des attaques contre les forces de sécurité, les infrastructures économiques et les civils non baloutches, notamment les Pendjabis, perçus comme des instruments de domination étatique.
Depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul en 2021, les violences ont connu une recrudescence, favorisées par la porosité des frontières et l’implantation de réseaux armés transfrontaliers.
De tels incidents meurtriers ne sont pas nouveaux : une attaque similaire en avril 2024 à Noshki avait causé neuf morts. Les assaillants avaient là aussi sélectionné leurs victimes après vérification d’identité
Une opération de recherche est en cours afin de retrouver les auteurs de cette attaque. Le gouvernement a annoncé que les responsables et leurs complices seraient poursuivis. Malgré les efforts, l’instabilité reste persistante dans une région stratégique et riche en ressources naturelles, mais souvent marquée par des conflits séparatistes.
Malgré les opérations militaires menées par l’armée pakistanaise, la stratégie de l’État reste largement défensive, sans plan de réconciliation ni initiative de développement durable pour la région. Si les autorités ont annoncé une riposte imminente, nombre d’observateurs s’interrogent sur l’efficacité à long terme de cette approche strictement sécuritaire.
Une fois encore, le Pakistan se retrouve confronté à une douloureuse réalité : sans règlement politique inclusif, le cycle de la violence au Baloutchistan risque de perdurer.