Les conditions météorologiques exceptionnelles qui se sont abattues sur Pékin ces derniers jours ont tourné la capitale chinoise en un véritable piège à pluie, causant au moins 30 morts et paralysant la ville. Ce phénomène dramatique survient après que la ville ait reçu en quelques jours l’équivalent de presque une année complète de précipitations, mettant à rude épreuve les capacités de gestion des catastrophes de cette métropole de plus de 20 millions d’habitants.
Selon l’agence officielle Xinhua, la majorité des victimes ont été recensées dans les districts montagneux du nord de Pékin, notamment à Miyun où 28 personnes ont perdu la vie, et à Yanqing où deux décès ont été signalés. Les autorités n’ont pas encore précisé les circonstances exactes de ces pertes humaines, mais les inondations massives et les glissements de terrain sont au cœur de ce drame.
Le district de Miyun, ainsi que d’autres zones proches de la Grande Muraille, ont enregistré des niveaux de précipitations exceptionnels, culminant à 543,4 mm en seulement quelques jours. Pour mettre cela en perspective, Pékin reçoit en moyenne environ 600 mm de pluie sur toute une année. L’universitaire Xuebin Zhang, spécialiste en climat à l’Université de Victoria au Canada, explique que dans certaines régions, la quantité cumulée de pluie a atteint entre 80 et 90 % du total annuel habituel en seulement quelques jours, un volume que peu d’infrastructures sont conçues pour gérer.
Cette intensité extrême s’explique en partie par la topographie locale, les montagnes à l’ouest et au nord de la capitale agissent comme un piège naturel, bloquant l’air humide et le forçant à s’élever, ce qui intensifie les précipitations. Ce phénomène, combiné aux effets du réchauffement climatique, contribue à des records de pluies sans précédent dans cette région du nord de la Chine, habituellement plus sèche.
Les conséquences sont dramatiques : plus de 80 000 habitants de Pékin ont été relogés en urgence, tandis que les infrastructures routières, électriques et de communication ont subi de lourds dégâts. Plusieurs villages, notamment 136 selon Xinhua, ont été privés d’électricité, et des personnes ont été coincées dans des bâtiments submergés. À Miyun, les secours ont dû nager pour atteindre un centre de soins pour personnes âgées et extraire 48 résidents bloqués par les eaux montant jusqu’aux toits.
Les autorités ont dû suspendre les activités culturelles et de transport dans la capitale, parcs, bibliothèques et musées, dont la célèbre Cité interdite, ont fermé leurs portes. De plus, les services de bus et de train dans les banlieues ont été interrompus, tandis que des centaines de vols ont été annulés ou retardés dans les deux aéroports de Pékin.
La situation reste tendue dans les provinces voisines du Hebei et de Tianjin, elles aussi gravement touchées par les pluies. Dans le Hebei, un glissement de terrain a causé la mort de quatre personnes et laissé huit autres portées disparues, avec des précipitations équivalentes à six mois de pluie tombées en seulement quelques jours. À Tianjin, certaines routes principales ont été submergées, ne laissant dépasser que les toits des maisons inondées.
Face à cette catastrophe, le président Xi Jinping a reconnu les lourdes pertes humaines et matérielles et ordonné une mobilisation massive des secours et de la recherche. Le ministère de la Gestion des urgences avertit que la situation est encore complexe et dangereuse, avec des pluies persistantes attendues dans plusieurs régions.
Sur les réseaux sociaux chinois, de nombreux habitants appellent à l’aide et demandent un renforcement des opérations de sauvetage, dénonçant le manque d’électricité, de communication, et l’angoisse liée à l’impossibilité de joindre leurs proches.