Un nouveau revers militaire majeur frappe la Somalie. Ce dimanche 27 juillet, la ville stratégique de Mahas, dans le centre du pays, est tombée aux mains des islamistes radicaux shebab, à la suite de violents affrontements avec l’armée nationale et les milices locales. À environ 300 kilomètres de Mogadiscio, cette ville, considérée comme un nœud logistique régional, était jusque-là un bastion gouvernemental important dans la lutte contre l’insurrection.
Selon les premières informations confirmées par des sources militaires somaliennes, l’assaut a été féroce et coordonné. Les combattants shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont mobilisé des centaines d’hommes lourdement armés et des véhicules piégés. L’offensive, déclenchée à l’aube, a rapidement submergé les positions de défense, contraignant les forces somaliennes à un retrait tactique, selon les termes du commandant militaire régional, Mohamed Dahir.
« Les courageux membres de l’armée somalienne et les milices locales ont opposé une résistance farouche avant de se replier vers des positions préétablies. Nous nous préparons à une contre-offensive », a-t-il déclaré.
Depuis le début de l’année, les Shebab ont repris des dizaines de localités, balayant les gains enregistrés par le gouvernement lors de sa campagne militaire en 2022 et 2023. Ce retour en force, discret mais implacable, fragilise chaque jour un peu plus l’autorité centrale et sape les efforts de stabilisation soutenus par la communauté internationale.
La ville de Mahas, tenue jusqu’en août 2024 par les troupes éthiopiennes membres des forces de sécurité de l’Union africaine (ATMIS), avait été transférée à l’armée nationale somalienne avec l’appui de milices locales hostiles aux Shebab. Mais cette architecture de sécurité fragile n’a pas résisté à l’assaut de ce dimanche.
« Les terroristes contrôlent désormais Mahas », a confirmé Ali Hayo, un milicien local, « Des tirs sporadiques retentissent encore en périphérie, mais ils sont à l’intérieur de la ville. Les combats ne sont pas terminés. Nous nous regroupons pour contre-attaquer. »
Le 23 juin dernier, l’armée nationale somalienne avait pourtant exhibé à la presse des cachettes de munitions et de vivres des Shebab, preuve de leur infiltration persistante dans la région. Ce coup de force remet brutalement en question l’efficacité de cette stratégie de démantèlement.
Alors que la Somalie continue de se battre sur plusieurs fronts – sécuritaire, humanitaire et politique – la prise de Mahas sonne comme un signal d’alarme. L’État somalien, affaibli, voit son territoire grignoté village après village, ville après ville, par un ennemi résilient, bien financé, et stratégiquement patient.