Face à l’impasse diplomatique croissante entre Paris et Alger, les autorités algériennes ont choisi une posture désormais bien rodée, celle de la victime éternelle d’un Occident « arrogant » et « néocolonial ». Dans un communiqué publié ce jeudi 7 août, le ministère algérien des Affaires étrangères accuse Emmanuel Macron d’avoir « aggravé » la crise bilatérale et de vouloir faire « porter tous les torts à l’Algérie ». Un coup de communication qui masque mal les profondes contradictions d’un régime incapable de se remettre en question, et de plus en plus isolé sur la scène internationale.
Le principal grief d’Alger ? Une lettre adressée par le président français à son Premier ministre François Bayrou, dans laquelle Emmanuel Macron appelle à une politique de fermeté vis-à-vis du régime algérien. Cette prise de position, parfaitement légitime au regard de la dégradation continue des relations bilatérales, est dénoncée par Alger comme une « provocation ». Or, ce durcissement français n’est pas tombé du ciel, il fait suite à une série d’actes unilatéraux et hostiles de la part du pouvoir algérien, notamment le gel de toutes les coopérations, l’expulsion de diplomates et une rhétorique anti-française systématique dans les médias publics.
Au lieu d’assumer ses responsabilités dans cette escalade, le régime de Tebboune préfère crier à l’ingérence et alimenter un sentiment anti-français devenu, à défaut de projet politique, le seul ciment idéologique disponible. Une stratégie de diversion bien connue, qui permet d’étouffer les critiques internes et de faire oublier les multiples crises — sociales, économiques, et politiques — qui minent le pays.
L’Algérie a ainsi annoncé la fin de la mise à disposition gratuite de biens immobiliers à l’ambassade de France, et menace désormais de revoir tous les baux accordés aux institutions françaises. Ces mesures sont présentées comme des gestes de souveraineté, alors qu’elles relèvent davantage de la politique du ressentiment que d’une stratégie diplomatique constructive.
La réalité est que l’Algérie, sous couvert de « dignité nationale », instrumentalise des accords techniques vieux de plusieurs décennies pour envoyer des signaux de défiance à l’ancienne puissance coloniale, tout en continuant d’exiger — souvent sans contrepartie — des visas, des investissements et des partenariats.
La tentative d’Alger de renverser la charge de la crise ne saurait masquer la réalité du terrain : c’est bien le régime algérien qui emprisonne écrivains et journalistes sous des chefs d’accusation ubuesques. La condamnation à cinq ans de prison de l’écrivain Boualem Sansal pour « atteinte à l’unité nationale » et celle du journaliste Christophe Gleizes à sept ans pour « apologie du terrorisme » sont autant d’illustrations de la dérive autoritaire en cours à Alger.
Plutôt que d’assumer ces décisions judiciaires extrêmement préoccupantes, le gouvernement algérien s’indigne du rappel à l’ordre français et tente de présenter ces interpellations comme des affaires « internes ». Une posture intenable quand on prétend entretenir des relations « équilibrées » avec les grandes puissances.
En s’érigeant en victime d’un supposé mépris français, l’Algérie se ferme un peu plus la porte d’un dialogue franc et réaliste. La dénonciation des accords de visas, la remise en cause d’accords immobiliers symboliques, et le recours systématique à la rhétorique du complot occidental montrent un régime crispé, plus soucieux de sa survie interne que d’une politique étrangère cohérente.
Les accusations portées contre Paris ne font que souligner l’incapacité du pouvoir algérien à sortir de la logique post-coloniale dans laquelle il s’enferme lui-même depuis des décennies. Pendant que les pays de la région modernisent leurs économies et bâtissent des relations pragmatiques avec l’Europe, Alger continue de brandir l’étendard de la souveraineté comme prétexte à l’immobilisme.
Le discours algérien de victimisation ne trompe plus. Il est temps pour Alger d’assumer ses responsabilités, d’ouvrir les yeux sur sa propre dérive autoritaire, et de cesser d’agiter le spectre de la France pour masquer l’échec de sa gouvernance.