Dans la nuit du vendredi 5 septembre 2025, le village de Darul Jamal, dans l’État de Borno, a été frappé par une attaque d’une violence extrême menée par le groupe jihadiste Boko Haram. Selon le gouverneur Babagana Zulum et des sources sécuritaires locales, plus de 60 personnes, civils et militaires confondus, ont été tuées, dont au moins cinq soldats postés dans la base militaire du village, située à la frontière avec le Cameroun.
Les assaillants ont pris la population par surprise, arrivant à moto, armés de fusils d’assaut, tirant sur tout ce qui bougeait et incendiant des habitations. Plus de 20 maisons et 10 bus ont été détruits, et au moins 13 chauffeurs et ouvriers impliqués dans les efforts de reconstruction ont perdu la vie. Les habitants, récemment réinstallés après des années de déplacement forcé, ont été replongés dans la terreur. « Cette communauté a été réinstallée il y a quelques mois et ils vaquaient à leurs occupations normales », a déclaré le gouverneur Zulum.
Parmi les survivants, Malam Bukar a raconté avoir fui dans la campagne avec sa femme et ses enfants. « Ils sont arrivés en criant et en tirant sur tout ce qui bouge. Quand nous sommes revenus, il y avait des corps partout », a-t-il confié. Hajja Fati, une autre habitante, a ajouté : « Le gouvernement nous avait assuré que nous serions en sécurité ici. Maintenant, nous enterrons nos proches à nouveau. »
L’armée nigériane a rapidement réagi, menant trois frappes aériennes ciblées contre les insurgés en fuite. Selon le porte-parole de l’armée de l’air, Ehimen Ejodame, plus de 30 militants ont été neutralisés. Cependant, le gouverneur a reconnu que la force disponible est insuffisante pour sécuriser durablement la région. Il a annoncé le renfort prochain d’une unité nouvellement créée, les gardes forestiers, chargée de renforcer la sécurité dans cette zone particulièrement vulnérable.
L’État de Borno est le cœur de l’insurrection de Boko Haram, qui sévit depuis plus de 15 ans, provoquant la mort de plus de 40 000 personnes et le déplacement forcé de plus de deux millions d’habitants. Malgré la perte de contrôle de vastes territoires depuis 2015, le groupe jihadiste, ainsi que sa faction rivale ISWAP (État islamique en Afrique de l’Ouest), continue d’intensifier ses raids contre les villages et les bases militaires.
Les attaques ciblent souvent les populations vulnérables, notamment celles récemment rapatriées ou réinstallées, comme à Darul Jamal. Ce massacre met en lumière les limites des opérations militaires actuelles et la difficulté de protéger les civils dans un contexte où les forces régionales, dont celles du Niger, se sont partiellement retirées des missions anti-Boko Haram.
Outre le bilan humain immédiat, cette attaque entraîne une nouvelle vague de déplacement interne, avec des familles contraintes de fuir à nouveau leurs habitations. Les habitants, déjà marqués par des années de conflit, se retrouvent dans une situation d’insécurité permanente. Les efforts de reconstruction, essentiels pour stabiliser la région et permettre le retour des populations déplacées, sont une nouvelle fois compromis.