Dans la nuit du 9 au 10 octobre 2025, des pluies torrentielles d’une violence exceptionnelle se sont abattues sur la Sierra Madre Oriental, transformant vallées et montagnes en un théâtre de désolation. En quelques minutes, torrents de boue, rochers et débris ont tout emporté sur leur passage : maisons, routes, ponts et tragiquement, des vies humaines. Le bilan provisoire fait état d’au moins 44 morts, de dizaines de disparus et de milliers de sinistrés dans les États de Puebla, Hidalgo, Querétaro et Veracruz.
La ville de Huauchinango, dans l’État de Puebla, est l’une des zones les plus touchées. Neuf décès y ont été confirmés, mais les autorités craignent que le bilan s’alourdisse avec la progression des recherches. Les rues, autrefois animées, sont désormais méconnaissables, ensevelies sous des amas de boue et de débris. Les habitants décrivent des rivières de boue submergeant des quartiers entiers, arrachant des maisons de leurs fondations et laissant des familles sans abri.
Dans les zones rurales, des centaines de petites communautés, souvent isolées dans les replis de la Sierra Madre Oriental, se retrouvent coupées du monde, privées d’électricité, d’eau potable et de moyens de communication. À Xoxocapa, dans l’État de Veracruz, des dizaines d’enseignants ont lancé un appel urgent sur les réseaux sociaux pour une évacuation par voie aérienne.
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a mobilisé 10 000 militaires pour participer aux opérations de secours. « Des équipes gouvernementales sont déployées pour ouvrir des routes et venir en aide aux communautés », a-t-elle déclaré après une réunion d’urgence avec les gouverneurs des États touchés. Des abris temporaires accueillent les milliers de déplacés, tandis que pelleteuses et équipes de secours travaillent sans relâche pour dégager routes et maisons ensevelies.
Plus de 35 000 habitations ont été endommagées par les débordements des rivières et les coulées de boue. Les infrastructures essentielles, comme ponts et réseaux électriques, ont été détruites, compliquant l’acheminement de l’aide. À Tulancingo, dans l’État d’Hidalgo, Marcos Aparicio, instituteur de 50 ans, raconte avoir passé la nuit dans son camion, bloqué sur une route envahie par la boue et les débris : « J’avais peur que la colline s’effondre. »
Les survivants partagent des récits déchirants. À Tenango de Doria, Celso Santos, commerçant de 50 ans, a abandonné son véhicule pour poursuivre à pied, bravant des chutes de rochers « comparables à un feu d’artifice ». Petra Rodriguez, 40 ans, a échappé de justesse à la crue avec son mari et ses deux fils : « On s’est tenu la main pour ne pas être emportés », raconte-t-elle, la voix tremblante. Karina Galicia, enseignante de 49 ans, explique comment sa famille a évité d’être ensevelie : « Sans notre réflexe, nous serions tous morts. »
Le météorologue Isidro Cano attribue ces pluies dévastatrices à un phénomène de « décalage des saisons » : l’air chaud et humide en provenance du golfe du Mexique rencontre les reliefs élevés de la Sierra Madre Oriental, provoquant des précipitations exceptionnellement intenses. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large : le Mexique a enregistré des records de précipitations tout au long de 2025, notamment à Mexico, où les niveaux historiques ont été dépassés.
Les autorités surveillent également la côte Pacifique, menacée par les tempêtes tropicales Raymond et Priscilla, qui pourraient aggraver la situation.
Alors que les opérations de secours se poursuivent, les défis restent immenses : routes impraticables, pannes de courant et télécommunications interrompues compliquent l’acheminement de l’aide. Les recherches pour retrouver les disparus continuent, tandis que les habitants tentent de reconstruire ce que les eaux ont détruit.