Dans un nouvel épisode de sa croisade spatiale, Elon Musk, patron de SpaceX, a déclenché une tempête médiatique en s’en prenant directement à Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA et actuel secrétaire américain aux Transports.
Sur X, la plateforme qu’il contrôle depuis 2022, le milliardaire a tourné en dérision le responsable fédéral, le rebaptisant « Sean Dummy » après que la NASA a annoncé vouloir rouvrir à la concurrence le contrat d’atterrisseur lunaire Artemis III, initialement attribué à SpaceX pour un montant colossal de 4,4 milliards de dollars.
Tout est parti d’une déclaration de Duffy, indiquant que la NASA envisageait de solliciter d’autres partenaires — notamment Blue Origin et Lockheed Martin — pour concevoir de nouveaux modèles d’atterrisseurs lunaires.
Une annonce que Musk a immédiatement interprétée comme une provocation directe :« Sean Dummy essaie de tuer la NASA ! » a-t-il publié, avant de lancer un sondage moqueur :
« Quelqu’un dont la plus grande renommée est de grimper aux arbres devrait-il diriger le programme spatial américain ? »
Une allusion mordante au passé de Duffy, ancien champion de bûcherons dans le Wisconsin. Fidèle à son ton provocateur, Musk transforme une divergence technique en guerre d’ego numérique, où se mêlent ambition, frustration et sens du spectacle.
En coulisses, la NASA justifie sa décision par la volonté de diversifier ses approches technologiques et d’accélérer le calendrier lunaire imposé par la Maison-Blanche.
Objectif : réussir un alunissage américain avant janvier 2029, en pleine rivalité avec la Chine, alors que Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, veut graver son nom dans l’histoire spatiale.
Malgré les avancées spectaculaires de la mégafusée Starship, les retards techniques s’accumulent.
Les onze vols d’essai réalisés depuis Starbase (Texas) ont démontré un potentiel considérable, mais le vaisseau demeure loin d’une certification pour vol habité.
Sean Duffy, impassible face aux provocations, a répondu avec retenue sur X : « J’adore la passion. La course à la Lune est lancée. » Il a ajouté, dans une formule lourde de sens : « Les grandes entreprises ne devraient pas craindre la concurrence. Quand nos innovateurs rivalisent, c’est l’Amérique qui gagne. » Une réplique qui contraste avec la virulence de Musk, tout en réaffirmant la philosophie compétitive de la NASA.
Derrière ces échanges acides se cache une lutte d’influence stratégique pour le contrôle de la vision spatiale des États-Unis.
Musk, convaincu que SpaceX incarne l’avenir de la conquête martienne, fustige la « bureaucratie étouffante » de la NASA.
L’agence, de son côté, navigue entre pressions politiques, contraintes budgétaires et volonté d’éviter une dépendance excessive envers un acteur privé, aussi puissant soit-il.
La querelle s’inscrit également dans le jeu des nominations à la tête de l’agence : Musk soutient Jared Isaacman, milliardaire et pilote de missions spatiales privées, dont la candidature, écartée par la Maison-Blanche en mai 2025, continue d’alimenter les rumeurs en coulisses.
La mission Artemis III, censée marquer le retour de l’humanité sur la Lune, reste embourbée dans les retards.
Prévue initialement pour 2026, elle a été repoussée à 2028 faute de coordination entre partenaires et de calendrier réaliste.
Pendant ce temps, la Chine avance à grands pas avec son programme Chang’e, qui vise un alunissage habité dès 2030.
Entre ambitions personnelles, rivalités géopolitiques et querelles d’ego, le rêve américain de reconquérir la Lune paraît, une fois de plus, suspendu dans l’espace.
Une certitude demeure : la nouvelle course à l’espace ne se jouera pas seulement dans les étoiles, mais aussi sur les réseaux.


























