mardi 28 octobre 2025, un rebondissement majeur dans l’affaire Ashur Sarnaya , le principal suspect, Sabri B., un Algérien de 27 ans en situation irrégulière, a été mis en examen par le parquet national antiterroriste (PNAT) pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Extradé d’Italie la veille au soir, il a été immédiatement placé en détention provisoire au dépôt de la santé de Paris, conformément aux réquisitions des magistrats.
Cette décision, confirmée par le PNAT, marque le passage définitif de l’enquête à une qualification terroriste, après des semaines d’investigations qui ont révélé des liens indirects du suspect avec l’État islamique (EI) et une préméditation glaçante. L’homme, interpellé le 2 octobre à Andria dans les Pouilles italiennes chez un compatriote, n’a opposé aucune résistance lors de son arrestation. Lors de la fouille, les carabiniers ont découvert plusieurs couteaux à sa possession, dont un compatible avec l’arme du crime. Son parcours post-meurtre – fuite en bus vers Milan puis Rome avant de se terrer dans le sud de l’Italie – avait déjà alerté les autorités européennes, menant à un mandat d’arrêt européen émis dès le 3 octobre par le parquet de Lyon.
Ce dernier événement s’inscrit dans une chronologie tragique qui a débuté près de deux mois plus tôt, le 10 septembre 2025, dans le quartier résidentiel de Gorge-de-Loup, à Lyon (9e arrondissement). Ashur Sarnaya, 45 ans, réfugié assyrien-chaldéen originaire du Kurdistan irakien, rentrait chez lui après une journée ordinaire. Installé dans son fauteuil roulant depuis une malformation congénitale,. Ce soir-là, comme presque tous les jours, il lançait un live TikTok depuis le pied de son immeuble au 51 avenue Sergent-Michel-Berthet. Plus de cinq heures de diffusion :. Des milliers de followers, issus de la diaspora assyrienne en France et en Europe, suivaient ses contenus sous le pseudo « Ashur Love ». Parmi eux, sans qu’il le sache, Sabri B. s’était connecté trente-trois minutes avant l’irréparable. Les bornages de son téléphone plaçaient l’Algérien à proximité immédiate, effectuant des allers-retours suspects autour du lieu.
Vers 22h30, un homme masqué surgit de l’ombre. Un coup de lame précis à la gorge, tranchant net la carotide. Ashur s’effondre dans son fauteuil,. Les voisins, alertés par les cris, accourent, mais il est trop tard. Les secours, arrivés en urgence, ne peuvent que constater le décès sur place. La vidéo, partagée et supprimée dans la foulée par TikTok, fait le tour des réseaux en quelques heures, provoquant un choc viscéral. « C’est comme si on avait tué le Christ une seconde fois », lâche un prêtre assyrien lors d’une messe de deuil improvisée le lendemain.
L’enquête, ouverte initialement pour « homicide volontaire » par le parquet de Lyon, prend vite une tournure alarmante. Ashur n’était pas un inconnu des menaces. Sa sœur Madelin, réfugiée avec lui depuis 2014 après avoir fui les persécutions de Daech dans les plaines de Ninive, témoigne, en Irak, des islamistes radicaux exigeaient leur conversion sous peine de mort. En France, l’asile obtenu en 2016 n’a pas effacé les ombres. Sur TikTok, ses vidéos pieuses attiraient des commentaires haineux : « Si on te trouve, on te tue », postés par des comptes anonymes aux pseudos salafistes. À l’été 2025, un voisin rapporte une rencontre glaçante : un homme d’origine maghrébine s’approche d’Ashur en pleine rue et lui glisse : « Nous t’avons à l’œil. » Des signalements massifs de ses contenus par des utilisateurs musulmans avaient même conduit à des suspensions temporaires de son compte, comme le confirme Madelin aux enquêteurs.
Les investigations techniques convergent rapidement vers Sabri B. Les caméras de vidéosurveillance du métro Gorge-de-Loup capturent un individu casqué, sac à dos sur l’épaule, rôdant aux abords de l’immeuble depuis plusieurs jours. Son téléphone, tracé postérieurement, révèle non seulement sa connexion au live fatal, mais aussi une surveillance prolongée, Sabri B. visionnait les directs d’Ashur depuis au moins une semaine
L’inhumation d’Ashur, à Lyon, réunit des centaines de fidèles assyriens, en présence de Madelin et de représentants de l’Œuvre d’Orient. Des des prières collectives en chaldéen résonnent dans les églises d’Erbil. La communauté, estimée à 30 000 personnes en France, pleure un symbole, Ashur incarnait la résilience des chrétiens d’Orient, fuyant les génocides de 2014 pour un refuge européen qui s’avère précaire. Des associations comme Aide à l’Église en Détresse appellent à un « statut spécial » pour les réfugiés menacés religieusement, citant ce cas comme le troisième attentat islamiste en France en 2025, après Apt en janvier et Mulhouse en février.
 
                                                                     
							

























