Dans une Syrie de plus en plus touchée par la crise économique, la population continue d’occuper les rues de la province sud-ouest de Suweida et de se mobiliser dans d’autres régions du pays, exigeant la démission du président syrien, Bachar al-Assad. Ce dernier, pour sa part, a limogé le Premier ministre, Imad Khamis.
Suweida continue d’être témoin d’un climat de mobilisation et de tension, dans le sillage de ce qui s’est passé depuis le 7 juin. Les forces de sécurité locales, pour leur part, ont tenté de freiner la rébellion des manifestants, intensifiant les postes de contrôle et les arrestations, qui ont cependant duré quelques heures sous la pression des groupes armés locaux. Parallèlement, des militants ont exhorté les habitants du Golan syrien et de Deir el-Zor à descendre dans la rue le 13 juin et à rejoindre la révolution contre le régime d’Assad et la présence de milices pro-iraniennes dans le pays.
Pour alimenter un tel ferment populaire, il y a la détérioration des conditions de vie et de l’économie syriennes, déjà affectées par neuf années de conflit. Outre la dévaluation de la monnaie locale, l’économie de Damas devra bientôt faire face à la mise en œuvre de la soi-disant loi César, prévue le 17 juin. Il s’agit d’une législation rédigée par Washington, qui sanctionne le régime syrien, y compris le président Assad, pour les crimes de guerre commis contre la population syrienne et affecte les industries syriennes, du secteur militaire aux infrastructures et à l’énergie, ainsi que les individus et les entités. Iraniens et russes qui fournissent des fonds ou une autre assistance au président syrien.
La monnaie locale, échangée à 47 lires pour un dollar lors du déclenchement du soulèvement anti-Al-Assad en 2011, avait déjà touché un peu moins de 1000 lires début 2020. Or, la perspective de nouvelles sanctions économiques américaines a plongé la monnaie syrienne, ces derniers jours, à plus de 3 000 lires par dollar. La dévaluation de la livre syrienne a provoqué une flambée des prix, même pour les produits de première nécessité, la nourriture et les médicaments. Les prix de certains produits de base, tels que le pain et le sucre, ont doublé et de nombreux détaillants ont fermé leurs magasins dans différentes régions du pays, refusant de vendre des marchandises jusqu’à ce que la stabilité des prix soit atteinte. « Même les oignons sont chers », déclare un citoyen de Damas. Enfin et surtout, les sociétés pharmaceutiques risquent de fermer une fois les matières premières disponibles terminées.
Dans ce contexte, , les cercles de fidèles au régime ont également commencé à manifester leur mécontentement à l’égard d’Al-Assad, et ils ont également commencé à envisager la possibilité de demander la démission du président. Bien qu’avant, il était considéré comme un tabou d’exprimer des idées similaires, en particulier au sein du cercle des affiliés gouvernementaux, cela semble actuellement être l’une des solutions pour guérir le pays.
Pour sa part, Al-Assad, le 11 juin, a limogé le Premier ministre, Imad Khamis, désignant le ministre des Ressources en eau, Hussein Arnous, comme son successeur. Cette décision soudaine, selon des informations parues dans les médias syriens, n’était pas justifiée, mais il est probable qu’il s’agissait d’une tentative du président de trouver une solution à la crise croissante, et non plus seulement économique. Arnous, au pouvoir depuis 2016, a souvent été critiqué par ceux qui croyaient que le régime était responsable de la crise actuelle. Le Premier ministre, pour sa part, avait porté des accusations contre les États-Unis, considérant les mesures imposées « dans le cadre d’une grande guerre ».
Les manifestations de ces derniers jours ont également touché Daraa, berceau de la révolution syrienne, où les premières manifestations ont éclaté en 2011, provoquant le conflit en cours, dont la date de début remonte au 15 mars 2011. Pour y faire face, il y a, à partir d’un d’une part, les forces de l’armée du régime syrien aidées par Moscou, d’autre part, les rebelles, qui reçoivent le soutien de la Turquie. Bien que les récentes manifestations, selon certains, ne soient toujours pas comparables au mouvement d’il y a neuf ans, une partie de la population estime qu’elle est revenue au point de départ.