Alors que l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se prépare à se rendre à Beyrouth pour enquêter sur la crise entourant l’élection du président libanais, une source diplomatique arabe a exprimé des doutes quant à sa capacité à apporter des idées pour résoudre cette crise.
Selon cette source diplomatique arabe, qui a souhaité rester anonyme, il est peu probable que Le Drian propose des solutions pour mettre fin à l’obstruction persistante de l’élection présidentielle libanaise. Lors de ses rencontres avec des responsables politiques et des autorités spirituelles, Le Drian aurait soulevé diverses questions pour comprendre les raisons de cette obstruction continue et les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre institutionnel et adopter une nouvelle constitution.
Les rencontres de l’ambassadeur de France au Liban avec les responsables politiques se sont limitées à annoncer l’heure d’arrivée de Le Drian à Beyrouth, sans entrer dans les détails sur les idées qu’il pourrait apporter. Bien que beaucoup estiment que Le Drian ne proposera pas de nouvelles idées pour sauver l’initiative française lors de ce voyage, préférant poser des questions et écouter les personnes rencontrées afin de rendre compte à Emmanuel Macron, qui pourra ensuite prendre une décision appropriée. Il est souligné que lors de ce voyage, Le Drian cherchera à combler le fossé qui s’est creusé entre la France et les chrétiens libanais, en particulier avec la majorité des factions chrétiennes qui n’ont pas accepté l’initiative française visant à nommer Suleiman Franjieh, chef du Mouvement Marada. Contrairement à la nomination de Nawaf Salam pour former un gouvernement, Franjieh est considéré comme l’option la plus simple pour mettre fin au vide présidentiel au Liban.
Selon de nombreux représentants chrétiens du Parlement libanais, la préférence de Paris pour Franjieh a provoqué une rupture sans précédent dans les relations historiques entre la France et les chrétiens, poussant la France à reconsidérer son initiative et à ignorer le défi posé par l’axe chiite. Lors de la dernière session du Parlement libanais pour élire le président, Franjieh, candidat du Hezbollah et du mouvement Amal, n’a pas réussi à obtenir les voix nécessaires, avec seulement 51 voix en sa faveur. Paris est désormais confronté à un dilemme qui ne permet pas la nomination de Franjieh, ce qui l’amène à revoir son initiative et à ouvrir la voie à la recherche d’un candidat consensuel qui ne représente pas un défi pour l’une des factions politiques.
La source diplomatique arabe a ajouté que Paris reconnaît les résultats de la dernière session de l’élection présidentielle au Parlement libanais, ce qui signifie que si la France ne soutient pas Franjieh, elle entrera en conflit avec l’axe chiite qui insiste sur son soutien à Franjieh et s’oppose à la recherche d’un candidat consensuel, à moins que Paris ne garantisse des avantages politiques souhaités pour l’axe chiite en échange de son retrait de son soutien à Franjieh.
En revanche, une autre source diplomatique arabe bien informée sur la situation au sein du Comité libanais des cinq affirme que les portes restent toujours closes en ce qui concerne le choix du président.
Le Liban fait face à une vacance présidentielle depuis le 8 novembre de l’année dernière, suite à la fin du mandat de Michel Aoun, et malgré plusieurs sessions, le Parlement libanais n’a toujours pas réussi à élire un président consensuel.
Ce n’est pas la première fois que le Liban fait face à une vacance présidentielle. Avant l’élection de Michel Aoun à la présidence le 31 octobre 2016, le pays était sans président pendant 2,5 ans, et le Parlement avait voté quarante-cinq fois sans parvenir à un résultat. La structure politique du Liban et les divisions sectaires qui régissent les partis continuent de provoquer des crises et des impasses politiques dans le pays