Les campagnes de vaccination contre la polio à Gaza, qui avaient été interrompues en raison des récents affrontements, reprennent dans un contexte marqué par une crise humanitaire sans précédent. Plus de 442 000 enfants avaient déjà reçu une deuxième dose du vaccin le mois dernier, mais la poursuite de ces efforts de santé publique se heurte à des défis colossaux, exacerbés par le climat de violence dans la région.
La reprise de la vaccination, prévue pour ce dimanche, fait suite à une attaque controversée contre la clinique Sheikh Radwan, qui a blessé six personnes, dont quatre enfants. Bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’ait pas attribué directement la responsabilité de cette attaque, des sources locales l’imputent à un drone israélien. Ce contexte de violence, qui inclut des frappes aveugles sur des infrastructures civiles, complique gravement les efforts pour contenir la polio, une maladie contagieuse qui a refait surface dans la région après 25 ans d’absence.
La situation dans le nord de Gaza est qualifiée d' »apocalyptique » par des organisations humanitaires, alors que les combats intensifs ont déplacé des milliers de personnes et aggravé les conditions de vie. Environ 15 000 enfants de moins de 10 ans restent inaccessibles aux vaccinations, menaçant l’efficacité de la campagne. L’OMS souligne que pour interrompre la transmission du virus, au moins 90 % des enfants doivent être vaccinés, ce qui semble de plus en plus improbable avec les obstacles logistiques et sécuritaires actuels.
L’émergence d’un cas de polio paralysant chez un enfant en août a été le catalyseur de cette campagne de vaccination, mais le retard dans l’administration des doses peut compromettre les efforts pour éradiquer cette maladie. Les experts médicaux mettent en garde contre les implications à long terme pour la santé publique, alors que la population de Gaza est déjà confrontée à une multitude de crises, allant de la famine à des pénuries d’eau et de médicaments.
La déclaration récente du chef des droits de l’homme de l’ONU sur le « moment le plus sombre » de la guerre souligne non seulement les défis immédiats mais aussi les effets dévastateurs de la guerre sur la santé publique. Les frappes militaires, considérées comme des attaques aveugles contre des cibles civiles, suscitent des inquiétudes quant à la protection des populations vulnérables, notamment les enfants.
La reprise des vaccinations contre la polio dans un environnement aussi hostile soulève des questions cruciales sur la protection des opérations humanitaires. Les appels à Israël pour qu’il augmente son aide humanitaire à Gaza deviennent de plus en plus pressants, en particulier à la lumière des avertissements des États-Unis concernant les conséquences d’un manque d’assistance.
La campagne de vaccination, bien qu’essentielle, est symptomatique d’une crise plus vaste où la santé publique est gravement compromise par des conflits armés. L’interdépendance entre santé, sécurité et accès humanitaire doit être reconnue pour éviter que des tragédies sanitaires comme la polio ne deviennent la norme dans des zones de conflit telles que Gaza.