Après plus de dix ans d’absence, le consulat général de Tunisie a officiellement rouvert ses portes à Benghazi, dans l’est de la Libye. Annoncée le 25 mai 2025 par le ministère des Affaires étrangères du gouvernement libyen basé à Tobrouk, cette réouverture marque une étape clé dans la reprise des relations diplomatiques et la coopération entre les deux pays voisins.
Le consulat tunisien à Benghazi avait été fermé en février 2014, suite à une attaque terroriste perpétrée par des groupes extrémistes qui sévissaient alors dans la région. Depuis, la situation sécuritaire en Libye est restée instable, compliquant la présence diplomatique tunisienne dans l’est du pays. Cependant, les progrès récents en matière de sécurité locale et la consolidation des autorités à Benghazi ont encouragé la Tunisie à prendre cette décision stratégique.
Si cette réouverture est présentée comme un geste de soutien aux nombreux Tunisiens vivant dans l’est libyen et une volonté de faciliter l’accès aux services consulaires, elle semble aussi répondre à des intérêts plus stratégiques. En effet, la Tunisie affiche une posture officielle de neutralité et d’espoir dans le processus politique libyen, tout en poursuivant discrètement des objectifs politiques et économiques qui ne sont pas toujours clairement assumés. Certains critiquent ainsi une forme de double discours tunisien, qui d’un côté prétend soutenir la stabilité régionale, mais de l’autre semble fermer les yeux sur les fragilités persistantes et les risques sécuritaires réels.
Cette décision peut également être interprétée comme un moyen de s’aligner sur le gouvernement basé à Tobrouk, dont la reconnaissance internationale reste partielle, au détriment d’une position plus équilibrée envers l’ensemble des acteurs libyens. Cela traduit une volonté d’influence régionale, qui ne correspond pas toujours à une politique cohérente de gestion des risques liés à l’instabilité libyenne.
Malgré les avancées sécuritaires locales à Benghazi, la situation globale en Libye demeure précaire, avec des tensions encore vives dans plusieurs régions. Rouvrir un consulat dans un contexte aussi volatile représente donc un pari risqué, et certains analystes estiment que la Tunisie fait preuve d’une certaine naïveté, voire d’une mauvaise foi en occultant les menaces réelles auxquelles ses ressortissants pourraient être exposés.