Harem (Syrie) — Dans le nord-ouest de la Syrie, de la province d’Idlib, les forces de sécurité syriennes ont lancé une opération majeure contre la milice dirigée par Omar Diaby, alias Omar Omsen, un djihadiste français réputé pour avoir recruté et encadré des combattants venus de France depuis plus d’une décennie. Ce qui devait initialement être une arrestation ciblée s’est rapidement transformé en affrontements violents.
Tout a commencé dans la soirée du 21 octobre 2025, lorsque les autorités syriennes, agissant sous les ordres d’Ahmed al-Chareh — ancien chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) et président par intérim depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024 — ont tenté d’appréhender Diaby à Harem, une ville stratégique proche de la frontière turque. Selon des sources locales et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une unité de police intérieure a investi les abords du camp d’al-Firdan, bastion fondé par Diaby en 2013 peu après son arrivée en Syrie en tant que recruteur pour des groupes djihadistes.
Le refus d’obtempérer du chef djihadiste a déclenché de violents échanges de tirs. Les miliciens français d’al-Ghourabaa (« Les étrangers ») se sont confrontés aux forces de l’ordre syriennes, plongeant la région dans un chaos persistant. Des explosions ont été entendues dans les villages environnants, et la route reliant Harem à la frontière turque a été fermée, transformant la zone en un périmètre de haute tension. Le général Ghassan Bakir, commandant des forces de sécurité intérieure d’Idlib, a accusé Diaby d’avoir « utilisé des civils comme boucliers humains » et d’avoir ouvert le feu sur les forces gouvernementales après avoir refusé une reddition pacifique.
Des médiateurs étrangers, notamment des ressortissants ouzbeks affiliés aux autorités syriennes, sont intervenus comme force d’interposition pour tenter de relancer les négociations. Les autorités de Damas exigent la reddition de Diaby, accusé non seulement de résistance armée mais aussi de graves violations : enlèvement d’une fillette contre la volonté de sa mère et entrave au retour de ressortissants français souhaitant quitter la zone.
Longtemps allié du nouveau pouvoir syrien issu de la chute d’Assad, Omar Diaby avait d’abord soutenu Ahmed al-Charaa. Cependant, au printemps 2025, la visite officielle d’al-Charaa à Emmanuel Macron à Paris a été perçue par Diaby comme une véritable « trahison ». Dans des enregistrements diffusés sur Telegram, il n’a pas mâché ses mots : il a qualifié le président syrien d’« infidèle » et juré de s’opposer à son autorité, dénonçant HTC comme un acteur s’étant « vendu aux mécréants ».
Cette rupture illustre les tensions au sein du jihadisme syrien , d’un côté, HTC, pragmatique, cherche à consolider son pouvoir en négociant avec l’international ; de l’autre, des factions intransigeantes comme al-Ghourabaa refusent tout compromis avec l’Occident. Diaby, déjà emprisonné par HTC avant la chute d’Assad pour ses recrutements intempestifs, incarne cette rigidité idéologique.
Les combats se poursuivent à Harem et dans les villages environnants. L’objectif du gouvernement syrien est clair : neutraliser la milice al-Ghourabaa et capturer ou éliminer Omar Diaby, recherché par plusieurs services de renseignement occidentaux.


























