Les préparatifs pour la Coupe du Monde U-17 au Qatar (3-27 novembre 2025) sont éclaboussés par des controverses et des absences de joueurs majeurs. La sélection tunisienne des moins de 17 ans, placée dans le groupe D aux côtés de l’Argentine, de la Belgique et des Fidji, doit naviguer entre le scandale Youssef Mokhtari et des forfaits imprévus, avec l’ambition de rééditer les exploits de 2007 et 2013, années où elle avait atteint les quarts de finale. Mais les récents déboires administratifs et les manques de cadres essentiels risquent de compromettre leurs aspirations.
L’affaire Youssef Mokhtari cristallise les dysfonctionnements structurels de la Fédération tunisienne de football (FTF). Le jeune milieu offensif du Club Africain, âgé de 17 ans, s’est vu empêché de rejoindre ses coéquipiers pour le stage de préparation aux Émirats arabes unis en raison d’un simple retard dans ses documents de voyage. Contraint de s’embarquer à la dernière minute et de voyager seul, Mokhtari a manqué les premiers entraînements déterminants avant le Mondial.
Cette maladresse, jugée « impardonnable » par de nombreux observateurs, a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans la presse tunisienne. Anciens internationaux et journalistes pointent du doigt l’amateurisme chronique de la FTF, déjà régulièrement critiquée pour sa gestion désordonnée des équipes jeunes.
Auteur de buts décisifs lors de la préparation à la CAN U-17, dont un doublé contre l’AS Ariana en mars dernier, Mokhtari représentait l’espoir d’une génération dorée. Son exclusion temporaire a fragilisé la cohésion de l’équipe et ravivé le débat sur la place accordée aux jeunes talents dans un football tunisien souvent entravé par la bureaucratie. Malgré sa résilience, ce fiasco révèle les failles structurelles qui continuent de freiner le développement des Aiglons.
Comme si cela ne suffisait pas, la liste finale des 21 joueurs, publiée le 22 octobre par le sélectionneur Mohamed Amine Naffati, recense plusieurs forfaits majeurs. Najd Ajroud, défenseur prometteur de l’AS Monaco, et Naim Telmoudi, latéral droit de Nantes, ont été rappelés par leurs clubs respectifs pour répondre à des obligations professionnelles. Ces absences, imposées par les réglementations FIFA concernant les mineurs, privent la Tunisie de deux piliers défensifs essentiels.
Ajroud et Telmoudi, tous deux anciens internationaux U-17 français avant de choisir la Tunisie, apportaient solidité et expérience européenne. Leur retrait accentue la vulnérabilité d’une défense déjà fragile. Face à des adversaires tels que l’Argentine, habituée à dominer les catégories jeunes, ou la Belgique, réputée pour sa rigueur tactique, ces manques pourraient s’avérer déterminants. Le staff technique mise désormais sur la polyvalence de joueurs comme Kabil Krai ou Ahmed Ben Yahya pour combler les lacunes, mais l’équipe semble affaiblie.
Dans un Mondial élargi à 48 équipes et marqué par une compétition féroce, la Tunisie, absente depuis 2013, est contrainte de se réinventer. Le Qatar sera-t-il le théâtre d’un exploit ou d’une désillusion annoncée ? Entre le fiasco Mokhtari et les forfaits inattendus, les Aiglons se présentent au tournoi fragilisés, prisonniers d’un amateurisme fédéral qui menace de transformer ce qui devait être un rendez-vous de gloire en un véritable désastre administratif et sportif.


























