On a longtemps cru, à tort, que l’Homme de Neandertal n’était pas aussi malin que l’homme moderne. En fait, non seulement ce cousin lointain marchait debout avec une posture pas différente de la nôtre, mais tout porte à croire que certaines populations d’Europe occidentale s’adonnaient même à une activité aquatique régulière.
C’est ce que révèle l’analyse de 171 coquillages trouvés dans un site archéologique de Néandertal en Italie.
Les Néandertaliens étaient bien plus intelligents qu’on le pensait
Les chercheurs ont retrouvé 171 coquilles de palourdes, bien conservées au fil des siècles, dans une grotte connue sous le nom de Grotta dei Moscerini. La grotte, qui est fouillée depuis 1949, a révélé des objets datant de plus de 70 000 ans – une époque où l’Homme moderne ne s’était pas encore établi à travers l’Europe.
En effectuant une analyse microscopique des 171 coquilles découvertes dans la Grotta dei Moscerini, les chercheurs ont découvert que les Néandertaliens étaient capables de bien plus que ce que nous pensions. En effet, non seulement les coquillages avaient été taillés à la main pour créer des outils utiles, mais les chercheurs ont également déclaré que près d’un quart d’entre eux avaient été collectées dans l’eau, sur le fond marin, alors qu’ils étaient encore vivants.
Les coquilles appartiennent à l’espèce de palourdes méditerranéennes Callista chione. En comparant certaines de leurs caractéristiques telles que la brillance, les bords rugueux et les bernacles incrustés, un spécialiste des coquillages a pu les classer en deux catégories : ceux collectés sur la plage, déjà morts, et ceux qui ont été ramassés sur le fond sablonneux de l’océan, encore frais.
L’archéologue Paola Villa du musée d’histoire naturelle de l’université du Colorado, a expliqué au New York Times que les palourdes vivantes ramassées dans la mer avaient une coquille brillante, tandis que celles projetées par les tempêtes ou traînées par un courant sur la plage, avaient des coquilles opaques et moins brillantes, ayant été exposées au soleil.
Un grand nombre de ces coquilles montraient des signes de « taille », ce qui suggère qu’elles ont été utilisées comme outils. Mais les chercheurs ne savent pas si les Néandertaliens mangeaient également la viande à l’intérieur.
Les Néandertaliens pas si différents de l’homme moderne finalement
Ces nouvelles découvertes viennent s’ajouter à un nombre croissant de preuves qui laissent penser que le Néandertalien ne s’est pas contenté de se promener sur la plage à la recherche de coquillages. De nombreuses preuves et études suggèrent que la plongée sous-marine dans les eaux basses (probablement de 2 à 4 mètres de profondeur) était une activité courante chez ces premiers hommes.
Une étude publiée l’année dernière notamment avait révélé que les Néandertaliens présentaient des niveaux extrêmement élevés de croissance osseuse dans leur conduit auditif externe, ce qui est souvent lié, chez l’homme, à l’exposition à l’eau froide. Cela suggère que les Néandertaliens passaient beaucoup de temps à récolter les ressources aquatiques, alors que jusque là on ne les jugeait pas suffisamment intelligent pour accomplir de telles tâches.
Si la collecte de coquillages sur la plage est nettement moins énergivore que la fouille sous-marine, les chercheurs soulignent que les palourdes enterrées dans le fond marin sont souvent beaucoup plus épaisses que celles qui échouent sur le rivage donc bien plus pratiques pour fabriquer des outils. Mais ce ne sont pas seulement les palourdes qui intéressaient ces Néandertaliens.
En effet, l’équipe de chercheurs a également trouvé des pierres ponces parmi les restes de la grotte. Ces pierres ont probablement dérivé dans le golfe de Naples à partir des volcans en éruption à proximité, et elles étaient vraisemblablement utilisées comme outils d’abrasion par les Néandertaliens.
La nouvelle étude, publiée dans le journal PLOS ONE, nous permet d’en apprendre plus sur ces anciens hommes, et elle fait également disparaître un peu plus les différences entre eux et nous.