L’Argentin Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix 1980, a proposé à l’ancien président de la Bolivie Evo Morales de lui accorder la même distinction cette année, a indiqué le responsable humanitaire sur son site Internet.
Le militant argentin des droits humains Adolfo Perez Esquivel a proposé l’ancien président bolivien Evo Morales comme candidat au prix Nobel de la paix. « C’est un honneur pour moi de communiquer que j’ai nommé le camarade Evo Morales Ayma au prix Nobel de la paix pour 2020 », a-t-il écrit dans un message publié sur son profil Twitter. Le militant argentin lui-même a reçu le prix en 1980, en reconnaissance de son engagement à défendre la démocratie et les droits de l’homme avec des moyens non violents, pendant les dictatures en Amérique latine. Le modèle national d’égalité, de justice sociale et de souveraineté dirigé par Evo doit être reconnu à l’échelle internationale », a-t-il déclaré.
La crise en Bolivie, qui a débuté après les élections controversées du 20 octobre dernier, a connu une accélération après la démission du président Evo Morales au 10 novembre sous la pression des forces armées. Présentant un rapport préliminaire des techniciens de l’Organisation des États américains (OSA), qui dénonçait des « défauts » dans les procédures de vote et de scrutin de l’élection présidentielle,
Morales a annoncé le renouvellement des autorités électorales (Cour suprême électorale, Tse) et a promis un retour du pays aux urnes. Une double annonce qui n’a pas suffi à arrêter la manifestation en cours dans le pays. Peu de temps après, ce serait le chef d’état-major des forces armées, le général Williams Kaliman, de plaider pour l’abandon de Morales.
Morales, qui dirige le pays andin depuis 14 ans, a quitté Peu de temps le pouvoir, en se réfugiant dans la région de Cochabamba.
Dans les heures qui ont suivi, le gouvernement mexicain, qui a ouvert les portes de l’ambassade à vingt représentants du gouvernement et du parlement boliviens, a transmis la volonté d’accorder l’asile à Morales. Morales a atterri à Mexico le mardi 12 novembre, où il a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard. Dans une succession rapide d’événements, la deuxième vice-présidente du Sénat bolivien, Jeanine Anez, du parti Democratic Unidad (Ud), a été nommée présidente par intérim de la Bolivie le 12 novembre au soir par des parlementaires de sa formation politique et d’autres députés de l’opposition.
La nomination a eu lieu malgré le fait que la Chambre et le Sénat n’aient pas atteint le quorum nécessaire pour commencer la session, en raison de l’absence des députés du Mas, qui détiennent la majorité des sièges. Enfin, Morales a quitté le Mexique pour s’installer en Argentine, où il a demandé le statut de réfugié politique. De là, l’ancien chef de l’Etat coordonne la campagne électorale de son parti lors des prochaines élections, auxquelles il ne peut cependant être nommé ni président – sur la base de l’accord politique qui a mis fin à la crise – ni sénateur, d’apresle Tribunal suprême électoral qui a constaté des vices de forme dans la demande.
La crise politique a créé un climat de haute tension dans le pays avec des affrontements entre les partisans de Morales, notamment des mouvements indigènes et paysans, une opposition politique largement dirigée par l’ancien président Carlos Mesa et des mouvements civiques dirigés par Luis Fernando Camacho. Le tout avec l’intervention des forces de sécurité s’est retrouvé au centre de vives critiques pour de prétendues violations des droits de l’homme. Les premiers affrontements ont eu lieu avec des manifestations de l’opposition dénonçant la fraude dans les urnes. Une fois que Morales a présenté sa démission et quitté le pays, ce sont les fidèles de l’ancien président qui ont attaqué l’autre côté dans la rue en dénonçant un coup d’État. Selon le Défenseur du peuple, les affrontements ont entraîné la mort de 35 personnes.
