Liban continue de connaître la pire crise financière depuis la guerre civile qui a pris fin en 1990, obligeant le pays à décider de reporter sa dette. Parallèlement, la propagation de Covid-19 et la pénurie de ressources adéquates suscitent une inquiétude croissante.
En particulier, le 23 mars, Beyrouth a annoncé qu’elle avait suspendu le paiement de ses dettes dues aux obligations euro-obligataires pour 15 ans, pour un montant d’environ 30 milliards. Par conséquent, le nouveau délai a été fixé à 2035. L’objectif ultime de cette décision est de préserver les ressources en devises du pays, s’élevant à environ 22 milliards de dollars, et d’ouvrir la voie à des négociations avec les créanciers. Parallèlement, le gouvernement a également décidé de suspendre le solde en devises fortes des sommes liées à la dette souveraine. Il s’agit d’une démarche sans précédent et, selon certaines sources, «forcée».
La dette souveraine représente 87 milliards de dollars, soit 170% du PIB. En plus des obligations internationales libanaises, qui totalisent 31 milliards de dollars, la Banque centrale du Liban a estimé des frais de 52,5 milliards de dollars sous forme de dépôts en devises et de certificats de dépôt. Dans ce contexte, le Liban avait déjà annoncé le 11 mars qu’il ne réglerait pas la dette de 1,2 milliard d’obligations euro-obligataires arrivant à échéance le 9 mars. Il s’agit de la première situation par défaut de l’histoire libanaise.
Dans ce contexte, la monnaie locale a déjà perdu jusqu’à 60% de sa valeur sur le dollar sur le marché noir et les banques ont imposé des contrôles paralysants sur le capital tant en ce qui concerne les retraits que les transferts d’espèces. a reçu un coup du déclenchement de l’urgence sanitaire liée au coronavirus. Cela a déjà conduit à la fermeture d’entreprises et a causé des dommages à l’industrie du tourisme, l’une des principales sources de devises étrangères. L’épidémie affectera également probablement les entrées de devises et de capitaux des Libanais vivant à l’étranger. En outre, la décision de ne pas payer toutes les dettes dues en devises étrangères pourrait avoir de graves répercussions, car le Liban pourrait faire l’objet de poursuites judiciaires par ses prêteurs, aggravant ainsi
Quant à l’urgence liée à Covid-19, au Liban, selon les rapports du ministère de la Santé du 23 mars, les cas positifs s’élèvent à 267, dont 4 décès. Dans le même temps, 8 patients ont également été guéris, traités depuis le 21 février dernier. Dans ce contexte, la Force d’interposition des Nations Unies au Liban (FINUL) a également signalé, le 23 mars, le premier cas positif de virus, contracté par l’un des soldats. Le patient infecté, a-t-on précisé, était rentré au Liban le 15 mars après une période de congé et est actuellement en isolement cellulaire à l’hôpital de la FINUL à Naqoura. Enfin et surtout, des tests ont été effectués sur d’autres hommes qui sont entrés en contact avec le soldat infecté.
Dans ce contexte, Human Rights Watch a mis en garde contre la pénurie de ressources médicales et sanitaires nécessaires pour faire face à l’urgence sanitaire, résultant précisément de la crise économique et financière qui continue de caractériser le Liban. En particulier, le personnel médical s’est dit préoccupé par l’incapacité du gouvernement à gérer l’urgence sanitaire et à protéger la santé des personnes travaillant dans les hôpitaux et les centres médicaux.
La crise financière a provoqué une pénurie de dollars qui, depuis septembre 2019, a à son tour entraîné une réduction des importations de fournitures médicales essentielles, y compris des masques, des gants et des dispositifs de protection, ainsi que des ventilateurs et des pièces de rechange. Enfin, le gouvernement de Beyrouth n’a pas été en mesure de régler les factures soumises par les hôpitaux publics et privés, ainsi que la Caisse de sécurité sociale et les caisses de santé militaire. Pour cette raison, il était difficile dans les établissements de santé libanais d’embaucher du personnel supplémentaire et d’acheter l’équipement et les appareils nécessaires pour faire face à l’urgence du coronavirus.
Cependant, le 12 mars, le gouvernement a affecté 39 millions d’un prêt de la Banque mondiale avant l’émergence de la pandémie afin de mieux préparer et équiper les établissements de santé du pays. Le gouvernement chinois a également fourni à Beyrouth des appareils et des machines pour faire face à l’urgence et s’est déclaré prêt à aider davantage le Liban.
Le directeur adjoint du Moyen-Orient à Human Rights Watch, Joe Stork, a indiqué que l’épidémie de COVID-19 met à rude épreuve un secteur de la santé déjà en crise. Le gouvernement libanais, a-t-on dit, a pris des mesures rapides et de grande envergure qui lui ont permis de gagner du temps, mais sa capacité à gérer l’épidémie dépendra de la façon dont il dépensera ce temps pour assurer les fournitures nécessaires et fournir des opérateurs les ressources dont ils ont besoin.
La décision du président libanais, Michel Aoun, de proclamer l’état d’urgence « sanitaire » dans le pays, fermant toutes les institutions publiques et privées qui fournissent des services non essentiels, et excluant les supermarchés, pharmacies, banques et fours. Tous les vols à destination et en provenance des pays les plus touchés par le coronavirus ont également été suspendus, notamment l’Iran, l’Italie, l’Espagne, la France et l’Égypte, puis, le 18 mars, toutes les frontières aériennes, terrestres et maritimes ont été fermées. Le 21 mars, alors, le Premier ministre, Hassan Diab, a exhorté la population à respecter un couvre-feu « auto-imposé », demandant également aux forces de sécurité d’agir pour garantir que les citoyens restent chez eux.