Outre le décompte des dégâts et l’identification des responsables de l’explosion qui a détruit le port de Beyrouth, le Liban est actuellement à la recherche d’un nouveau gouvernement capable d’apaiser les tensions sociales persistantes. Parmi les personnalités proposées, il y a aussi l’ancien premier ministre, Saad Hariri comme prédécesseur d’Hassan Diab.
Pour le moment Hariri, chef du parti « Tayyār al-Mustaqbal », semble être le favori, après que le parti chiite Hezbollah et son allié Amal aient exprimé leur opposition à la nomination de l’ancien ambassadeur et chef de la Cour internationale de Justice, Nawaf Salam, considéré comme pro-américain. La démission de Saad Hariri remonte au 29 octobre 2019 et s’inscrit dans le cadre de l’instabilité politique et de la mobilisation populaire qui caractérise le Liban depuis le 17 octobre de la même année. Cependant, selon certaines sources politiques, la nomination éventuelle de Hariri à la présidence du gouvernement de Beyrouth devra recevoir l’approbation des États-Unis et de l’Arabie saoudite, tandis que, pour sa part.
Saad Hariri, avait assumé la présidence de l’exécutif en 2016, sur la base d’un accord conclu par le Mouvement patriotique libre et le mouvement Amal, ainsi qu’avec l’approbation du Hezbollah. Précisément cet «accord» a immédiatement soulevé des inquiétudes pour Washington et Riyad, tous deux opposés à une montée en puissance du Hezbollah, classé comme organisation terroriste et allié de Téhéran. La conséquence a été un affaiblissement progressif du soutien américain et saoudien à un moment où le Liban se dirigeait vers ce qui allait bientôt devenir l’une des pires crises économiques et financières. Pour cette raison, Hariri va maintenant essayer de tirer les leçons de l’expérience antérieure et avant d’assumer une quelconque responsabilité, il tentera d’obtenir un soutien aux niveaux arabe et international.
Selon certains analystes, l’explosion du 4 août a provoqué un changement et former un gouvernement au Liban dans les plus brefs délais représente une volonté partagée également par des acteurs extérieurs, dans le but d’éviter un effondrement total du pays. Hariri est, pour le moment, l’option la plus réaliste, car il est considéré comme une personnalité « non conflictuelle » et bien considérée par la communauté internationale.
La France fait partie des principaux soutiens d’un nouveau gouvernement libanais qui est loin de toute forme d’ingérence extérieure, principalement iranienne, afin de ne pas impliquer le pays dans des conflits régionaux. Cela est apparu lors de discussions téléphoniques entre le président français, Emmanuel Macron, et ses homologues iraniens, Hassan Rohani, et le russe, Vladimir Poutine, qui ont eu lieu le 12 août. Selon certains, le bilatéral téléphonique Macron-Poutine visait précisément à obtenir l’aide de Moscou, afin qu’il puisse persuader Téhéran de s’éloigner de la scène libanaise et des affaires intérieures du pays. Cependant, au-delà de la mobilisation dans les coulisses et devant les scènes, les analystes estiment que le succès des efforts pour former un gouvernement au Liban reste l’otage de la réponse du Hezbollah. Sauver ou quitter le pays naufragé semble être entre ses mains.
Pour le moment, le sort du Liban reste incertain. La démission de l’ancien Premier ministre Hassan Diab remonte au 10 août et fait suite à une forte vague de mobilisation populaire, au cours de laquelle des groupes de manifestants ont accusé le gouvernement d’être responsable de l’incident du port de Beyrouth. Le gouvernement de Diab avait obtenu la confiance du Parlement le 11 février dernier, après avoir été chargé de réhabiliter une situation économique, sociale et politique de plus en plus fragile, qui avait poussé la population libanaise à descendre dans la rue à partir du 17 octobre, provoquant la démission par Hariri.
Ces derniers mois, l’exécutif de Beyrouth n’a cependant pas réussi à remplir sa mission, encore compromise par la pandémie de coronavirus. L’explosion du 4 août a été considérée par les citoyens comme «la paille qui a brisé le dos du chameau» dans un contexte de crise persistante caractérisée par l’effondrement économique, la corruption, le gaspillage et la mauvaise gestion. Par conséquent, selon certains, la démission du gouvernement ne suffira pas à apaiser la colère de la population libanaise.