Face à la recrudescence des flux migratoires en Méditerranée et à la persistance de l’instabilité politique en Libye, un sommet d’urgence s’est tenu vendredi à Istanbul entre la Turquie, l’Italie et la Libye. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accueilli la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chef du gouvernement libyen d’union nationale, Abdul Hamid Dbeibeh, pour une réunion trilatérale à huis clos, hautement stratégique.
Cette rencontre, organisée dans le palais présidentiel de Dolmabahçe, visait à coordonner les efforts des trois pays face à deux enjeux majeurs : le chaos libyen et la pression migratoire croissante sur les côtes européennes. La présence de figures clés du dispositif sécuritaire turc, telles que le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan et le chef des renseignements Ibrahim Kalin, souligne l’importance accordée à ce sommet par Ankara.
La Libye, toujours divisée entre deux autorités rivales – le gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU et dirigé par Dbeibeh, et l’administration de l’est contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar – reste au cœur des préoccupations régionales. L’absence d’unité institutionnelle, la prolifération des milices armées et l’ingérence étrangère entravent toute solution durable. Dans ce contexte, les discussions ont porté sur les voies possibles pour restaurer la stabilité et renforcer les mécanismes de coopération sécuritaire.
Sur le volet migratoire, l’Italie, en première ligne face aux arrivées massives de migrants depuis la Libye, appelle à un partenariat renforcé. Pour Giorgia Meloni, il est urgent de freiner les départs et de démanteler les réseaux de trafic d’êtres humains. La Libye demeure l’un des principaux points de transit pour des milliers de personnes fuyant les conflits, la misère ou les persécutions en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.
Ankara, Rome et Tripoli affichent ainsi une volonté commune d’agir. Si la Turquie se positionne comme un médiateur incontournable dans le dossier libyen, elle entend également jouer un rôle central dans la gestion régionale des migrations. Ce sommet illustre une convergence stratégique autour de deux priorités : stabiliser la Libye et contenir les flux migratoires vers l’Europe.
Mais au-delà des déclarations d’intention, l’enjeu demeure la mise en œuvre concrète d’un cadre opérationnel, incluant le renforcement des frontières, l’appui à la gouvernance libyenne, et une approche concertée entre les trois partenaires. Le défi est immense, à la mesure des fractures qui minent encore la région.