L’Algérie clôture sa participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024 avec trois médailles, dont deux en or et une en bronze, égalant ainsi son record historique d’Atlanta 1996. Cette performance, bien que louable, soulève des questions cruciales sur l’évolution du sport algérien et les véritables enjeux à venir.
Avec 46 athlètes engagés dans 15 disciplines, l’Algérie a certes démontré une certaine polyvalence, mais les résultats restent contrastés. Si les succès de Kaylia Nemour, Imane Khelif, et Djamel Sedjati sont indéniables, ils masquent difficilement les échecs de la majorité des autres compétiteurs algériens. L’effort collectif est à saluer, mais le manque de médailles dans d’autres disciplines met en lumière les lacunes structurelles qui persistent dans le sport algérien.
Le chef de la délégation, Kheirddine Barbari, a souligné l’importance du soutien étatique, vantant la préparation des athlètes. Cependant, cette rhétorique flatteuse ne doit pas occulter les réalités du terrain. La préparation, bien que meilleure qu’auparavant, demeure insuffisante pour rivaliser avec les grandes nations sportives. Les infrastructures sont inégalement réparties, et le manque de compétitions de haut niveau en amont des Jeux reste un obstacle majeur. Le succès de Paris 2024 ne doit pas être un écran de fumée cachant les dysfonctionnements qui persistent au sein des fédérations sportives nationales.
La performance de Kaylia Nemour en gymnastique et d’Imane Khelif en boxe est un signal fort de l’émergence du sport féminin en Algérie. Toutefois, ces succès, bien que symboliques, ne doivent pas masquer les défis auxquels sont confrontées les sportives algériennes. Le manque de moyens, d’encadrement, et de visibilité reste un frein à leur développement. L’essor du sport féminin doit être accompagné de politiques concrètes et durables, sous peine de rester un phénomène ponctuel plutôt qu’un véritable mouvement de fond.
Les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 se profilent déjà à l’horizon, et le défi pour l’Algérie sera de transformer ces résultats en un véritable tremplin pour l’avenir. Le discours optimiste de Barbari sur la détection des talents et le renforcement des infrastructures est louable, mais il devra être suivi d’actes concrets. L’Algérie ne peut plus se contenter de demi-mesures ; une refonte en profondeur du système sportif est nécessaire pour espérer mieux que simplement égaler un record vieux de plusieurs décennies.
En fin de compte, égaler le record d’Atlanta 1996 est une réussite, mais c’est aussi un rappel des limites actuelles du sport algérien. La question n’est pas seulement de célébrer ces médailles, mais de se demander pourquoi, en près de trente ans, l’Algérie n’a pas réussi à faire mieux. Les exploits individuels ne doivent pas masquer la nécessité d’une réforme structurelle en profondeur. Si les Jeux de Paris 2024 offrent une lueur d’espoir, ils soulignent aussi le chemin qu’il reste à parcourir pour que l’Algérie puisse véritablement prétendre à une place de choix sur la scène sportive internationale.