Le Liban fait face à une crise énergétique d’une ampleur inédite, accentuée par l’arrêt complet de la centrale électrique de Zahrani, la dernière en activité dans le pays. Samedi, une panne d’électricité nationale a paralysé le Liban, affectant des infrastructures vitales telles que l’aéroport international Rafic Hariri, le port de Beyrouth, les prisons, ainsi que les stations de pompage d’eau potable et les installations de traitement des eaux usées.
La cause immédiate de cette panne totale est une pénurie critique de carburant, qui a forcé la compagnie nationale Électricité du Liban (EDL) à suspendre les opérations de la centrale de Zahrani. Située dans le sud du pays, cette centrale est l’une des plus importantes du Liban et, jusqu’à samedi, était le dernier bastion de production d’électricité, fournissant l’essentiel des besoins énergétiques du pays.
Dans un communiqué, l’EDL a expliqué que toutes les mesures de précaution possibles avaient été épuisées pour prolonger la production d’énergie. Cependant, sans carburant, il est devenu impossible de maintenir les unités de production en activité. La société a également souligné que la remise en service des unités dépendra de la disponibilité du carburant, sans pour autant préciser quand cela pourrait se produire.
Cette panne d’électricité vient exacerber une situation déjà désastreuse. Depuis plusieurs années, le Liban est en proie à une crise économique et financière profonde, marquée par une dévaluation massive de sa monnaie, une inflation galopante, et une corruption endémique. L’incapacité du gouvernement à sécuriser les devises étrangères nécessaires à l’achat de carburant a progressivement affaibli la capacité du pays à produire de l’électricité, réduisant la production de 1 600 à 2 000 mégawatts par jour à des niveaux historiquement bas.
Cette situation dramatique reflète non seulement l’échec des politiques énergétiques, mais aussi l’effondrement global des institutions libanaises. La crise actuelle ne se limite pas à une simple pénurie d’électricité, elle est le symptôme d’un État défaillant, incapable de fournir les services de base à sa population.
Le blackout prolongé pose un risque majeur pour la sécurité et la santé publique. L’arrêt des stations de pompage et des installations de traitement des eaux usées pourrait entraîner une contamination de l’eau potable, augmentant le risque d’épidémies. Les hôpitaux, déjà débordés par la crise économique et la pandémie de COVID-19, pourraient se retrouver incapables de fournir des soins de base. Par ailleurs, la paralysie des infrastructures critiques telles que l’aéroport et le port de Beyrouth risque d’isoler davantage le pays.
L’EDL a annoncé son intention de redémarrer les unités de production de la centrale de Zahrani dès que le carburant sera disponible. Toutefois, sans une solution durable et une réforme en profondeur du secteur de l’énergie, cette mesure ne sera qu’un pansement sur une plaie béante. Le Liban se trouve à un carrefour où des décisions cruciales doivent être prises pour éviter un effondrement total.
La crise actuelle est un signal d’alarme pour la communauté internationale, qui devra intensifier son soutien au Liban pour éviter une catastrophe humanitaire. Il est clair que sans une intervention rapide et soutenue, les conséquences de cette crise énergétique pourraient plonger le Liban dans un chaos encore plus profond.