Le 27 février 2025, la Tunisie a pris une décision drastique en rompant toutes ses communications avec le Fonds monétaire international (FMI), marquant ainsi un tournant majeur dans ses relations avec l’institution financière mondiale. Cette rupture survient après plusieurs mois de tensions croissantes entre le gouvernement tunisien, dirigé par le président Kaïs Saïed, et le FMI.
Le président tunisien a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme une ingérence excessive de l’institution dans la souveraineté économique du pays, un sujet qui est devenu de plus en plus sensible à mesure que la crise économique s’aggrave. Selon Saïed, le FMI aurait outrepassé ses prérogatives en imposant des conditions économiques strictes qui, selon lui, compromettent la capacité de la Tunisie à mener ses propres politiques économiques en toute indépendance.
Le FMI, qui a été un partenaire clé de la Tunisie dans la gestion de ses difficultés financières au cours des dernières années, a souvent fourni des prêts et des programmes d’aide pour soutenir le pays face à des défis économiques majeurs. Ces prêts ont été associés à des réformes économiques, souvent de grande ampleur, telles que la réduction des subventions, l’austérité budgétaire et la privatisation de certaines entreprises publiques. Si ces mesures ont permis à la Tunisie de stabiliser temporairement ses finances et d’obtenir des financements internationaux nécessaires, elles ont également provoqué des mécontentements internes, exacerbant les tensions sociales, notamment en raison de la hausse du coût de la vie, de l’augmentation de l’inflation et d’un chômage élevé.
Le président Kaïs Saïed a, à plusieurs reprises, dénoncé les conditions du FMI, les qualifiant de contraignantes et d’inefficaces pour relancer l’économie du pays. Selon lui, ces conditions imposées par l’institution étrangère nuisent à la souveraineté de la Tunisie et à sa capacité de prendre des décisions autonomes pour son développement économique. Il a insisté sur la nécessité de restaurer la maîtrise des choix économiques du pays, notamment en matière de politique monétaire et de développement industriel, sans subir l’influence d’entités extérieures qui, selon lui, ne prennent pas en compte les spécificités socio-économiques du pays.
Cette rupture avec le FMI, bien que symbolique, pourrait avoir des conséquences majeures pour l’économie tunisienne. D’un côté, elle reflète la volonté du gouvernement tunisien de prendre le contrôle de sa politique économique, en privilégiant des solutions locales adaptées aux besoins du pays. D’un autre côté, la rupture avec le FMI pourrait compliquer la situation financière de la Tunisie, qui souffre déjà d’une dette publique élevée, d’un déficit budgétaire structurel et d’une inflation galopante. Le FMI, en tant que principal créancier et partenaire financier de la Tunisie, pourrait jouer un rôle clé dans la fourniture de ressources financières supplémentaires ou dans l’octroi de nouveaux crédits. Son retrait ou l’arrêt de toute assistance pourrait rendre encore plus difficile la gestion de la crise économique.
En outre, la décision de rompre les relations avec le FMI pourrait isoler davantage la Tunisie sur la scène internationale, notamment sur le plan économique. L’aide du FMI, bien que critiquée localement, était souvent vue comme un gage de crédibilité auprès des investisseurs internationaux et des autres institutions financières internationales. Sans cette aide et sans l’appui du FMI, la Tunisie pourrait avoir plus de difficultés à attirer des investissements étrangers et à bénéficier de nouvelles lignes de crédit. L’absence d’une relation avec le FMI pourrait également compliquer les négociations avec d’autres partenaires économiques et financiers, comme les pays européens et les institutions internationales telles que la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement.
La rupture avec le FMI ouvre également la voie à un débat plus large sur la gestion de la crise économique tunisienne. Si certains analystes et économistes soutiennent que la Tunisie doit impérativement revoir sa stratégie économique et privilégier des réformes internes pour relancer sa croissance, d’autres estiment que l’absence d’un soutien financier international pourrait rendre plus difficiles les réformes nécessaires. Le pays devra, dès lors, trouver de nouvelles sources de financement, ce qui pourrait passer par des partenariats régionaux, notamment avec d’autres pays africains ou arabes, ou encore par l’intensification des efforts pour stimuler les investissements locaux et améliorer la productivité.