Les prix du pétrole brut restent sous une pression persistante, prolongeant une tendance baissière marquée par une chute à leur plus bas niveau depuis près de quatre ans en début de semaine. Ce jeudi, le baril de Brent s’échangeait à 69,72 dollars et celui de West Texas Intermediate (WTI) à 66,72 dollars, enregistrant une légère hausse par rapport à l’ouverture des marchés asiatiques. Cependant, cette reprise timide ne parvient pas à masquer les inquiétudes qui pèsent sur le marché, alimentées par une conjonction de tensions commerciales et d’une offre excédentaire.
La dégringolade des cours a été précipitée par l’entrée en vigueur, mardi, de nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les importations en provenance du Mexique et du Canada. Ces mesures protectionnistes, visant à rééquilibrer les échanges commerciaux, ont provoqué une onde de choc sur les marchés pétroliers, déclenchant une vague de ventes massives. Bloomberg rapporte que, depuis le début de l’année, les prix du pétrole brut ont perdu environ 20 % de leur valeur, un effondrement attribué en grande partie aux politiques commerciales agressives de l’administration Trump. Ces décisions ont non seulement secoué les investisseurs, mais elles ont également incité les pays visés à envisager des contre-mesures, laissant présager une escalade des tensions qui pourrait fragiliser davantage le commerce mondial.
À ce contexte s’ajoute la décision de l’OPEP+ de procéder à une réduction partielle de sa production à partir d’avril, une annonce qui, loin de rassurer, a renforcé le sentiment baissier. Selon Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, cette stratégie soulève des craintes quant à une possible augmentation progressive de l’offre dans les mois à venir. « L’OPEP+ insiste sur une approche prudente, affirmant qu’elle ne réintroduira des barils sur le marché que si la demande le permet », explique-t-il. Pourtant, cette promesse peine à convaincre les traders, qui redoutent que l’offre mondiale reste trop abondante pour une demande encore convalescente.
Les données publiées par l’Agence d’information sur l’énergie (EIA) n’ont fait qu’amplifier cette morosité. Pour la dernière semaine de février, les stocks de pétrole brut aux États-Unis auraient augmenté de 3,6 millions de barils, un surplus qui accentue la perception d’une surabondance. Bien que l’EIA ait signalé une baisse des stocks de carburants, cet élément positif a été largement éclipsé par l’attention portée à l’accumulation de brut. Cette situation illustre un déséquilibre persistant entre une offre pléthorique et une demande freinée par les incertitudes économiques globales.
Malgré la légère remontée des cours observée ce jour, les analystes restent prudents. Yeap Jun Rong, analyste chez IG, note que « la chute des prix sous la barre symbolique des 70 dollars pourrait inciter à une pause technique, les marchés tentant de se stabiliser après avoir atteint un territoire de survente ». Toutefois, il met en garde contre une reprise fragile : « Les fondamentaux défavorables, marqués par une offre excédentaire et une demande hésitante, continuent de peser sur le sentiment des investisseurs. » La volatilité reste donc de mise, et les perspectives d’un rebond durable s’éloignent à mesure que les incertitudes s’accumulent.