Bagdad et Washington resserrent les rangs face à une menace qui refuse de disparaître. Un suspect irakien, présenté comme un haut responsable du bureau des opérations extérieures du groupe État islamique (Daech), a été arrêté à Bagdad dans le cadre de l’enquête sur l’attentat au camion-bélier perpétré à La Nouvelle-Orléans le 1er janvier 2025. Cette attaque, survenue au cœur du Quartier français lors des célébrations du Nouvel An, avait semé l’horreur et fait plus d’une douzaine de morts. L’auteur, un vétéran américain radicalisé, avait foncé sur la foule avec une camionnette arborant le drapeau de Daech, avant d’ouvrir le feu et d’être abattu par les forces de l’ordre.
L’arrestation en Irak de ce cadre présumé de Daech, dont l’identité reste confidentielle, révèle l’existence de connexions internationales encore actives malgré l’effondrement territorial du groupe terroriste. Cette coopération entre les services américains et irakiens, saluée par les autorités, intervient toutefois dans un climat d’inquiétude : comment un vétéran de l’armée américaine a-t-il pu planifier un acte aussi meurtrier, potentiellement sous influence étrangère, au cœur même des États-Unis ?
Cette attaque remet une nouvelle fois en question l’efficacité des dispositifs de prévention de la radicalisation et des systèmes de surveillance post-service militaire. Le profil de l’auteur — un vétéran instable, âgé de 42 ans, originaire du Texas — relance le débat sur la santé mentale des anciens combattants, leur suivi psychologique, et l’impact des idéologies extrémistes dans les sociétés occidentales. Que le FBI évoque immédiatement une possible cellule active ou un réseau de soutien ne fait qu’alimenter la crainte d’une résurgence terroriste difficile à contenir.
Malgré la perte de son « califat » en Irak (2017) et en Syrie (2019), Daech reste une menace globale. Ses cellules dormantes, ses capacités de propagande en ligne et ses relais internationaux nourrissent une stratégie de la terreur décentralisée. L’attaque de la Nouvelle-Orléans illustre parfaitement cette mutation : plus besoin d’un front de guerre pour frapper, la guerre se joue désormais sur le sol ennemi, à travers des actes isolés mais spectaculairement meurtriers.
Le suspect arrêté en Irak devrait être jugé selon la loi antiterroriste locale, ont précisé les autorités de Bagdad. Mais cette décision, bien qu’importante symboliquement, souligne aussi les limites de la coopération internationale face à des réseaux éclatés et numériques. L’Irak, épuisé par deux décennies de guerre et de lutte antiterroriste, peut-il vraiment garantir un procès équitable, transparent, et utile dans la lutte contre la menace globale ?