Belgrade, 30 mai 2025 – Des milliers de manifestants ont défilé ce vendredi dans le centre de la capitale serbe pour réclamer des élections législatives anticipées, six mois après le drame de Novi Sad qui a profondément secoué le pays. En tête du mouvement : des étudiants, bien décidés à maintenir la pression sur le président Aleksandar Vučić et les institutions.
À l’origine de cette contestation, l’effondrement d’un auvent fraîchement rénové dans la gare de Novi Sad, en novembre 2024, qui avait coûté la vie à 16 personnes. Depuis, la Serbie est le théâtre d’un mouvement citoyen qui réclame transparence, responsabilité politique et fin de l’impunité.
« Nous voulons des élections ! », ont scandé les manifestants devant le siège du gouvernement et celui du Parquet. Des tracts ont été distribués, appelant à une Serbie fondée sur des institutions indépendantes, une justice libre et une gouvernance sans corruption. « Nous nous battons pour les médias libres, des élections équitables, une justice indépendante et un État débarrassé du crime organisé », ont martelé les étudiants.
Ce vendredi, un représentant étudiant a présenté un « accord citoyen » destiné à poser les bases d’un futur pacte entre institutions et société civile. Un geste fort, dans un pays où la méfiance envers la classe politique atteint des sommets.
Aleksandar Vučić, en déplacement à l’est du pays, a tenté de calmer le jeu en déclarant qu’il convoquerait des élections « après les préparatifs de l’EXPO 2027 » – une échéance jugée beaucoup trop lointaine par les manifestants. Alors que le président estime le dossier « clos », les étudiants annoncent une intensification du mouvement dès le 1er juin, avec des manifestations prévues dans 30 villes du pays.
Le mouvement de protestation a déjà provoqué des remous institutionnels majeurs. En avril dernier, sous la pression de la rue, le Premier ministre a démissionné. Le Parlement a investi un nouveau gouvernement dirigé par Đuro Macut, un médecin sans passé politique. Mais ce changement n’a pas suffi à apaiser la contestation.
Selon un sondage publié par l’institut indépendant Crta, 59 % des Serbes soutiennent les revendications étudiantes. Le pouvoir continue toutefois de minimiser l’ampleur du mécontentement. Le parti nationaliste au pouvoir, victorieux aux élections de 2023, est toujours accusé de fraude et de musellement des voix dissidentes.