Le bilan des inondations dévastatrices qui ont frappé le centre du Texas début juillet 2025 est tragiquement lourd : au moins 80 morts, dont 28 enfants, et 41 personnes toujours portées disparues, parmi lesquelles dix jeunes filles et une conseillère du Camp Mystic, emportés par la montée éclair de la rivière Guadalupe. Si le gouverneur Greg Abbott et le président Donald Trump multiplient les déclarations de catastrophe et promettent une aide fédérale d’urgence, cette calamité révèle surtout un enchaînement dramatique de négligences, d’incompétences et de décisions politiques désastreuses ayant transformé une tempête prévisible en une véritable hécatombe évitable.
La tempête tropicale Barry, renforcée par une humidité tropicale intense, a déversé jusqu’à 406 mm de pluie en seulement quelques heures, provoquant une crue fulgurante de la rivière Guadalupe qui a grimpé de plus de 8 mètres en moins d’une heure. Située dans la région surnommée « Flash Flood Alley », le centre du Texas est notoirement exposé aux crues soudaines. Pourtant, malgré des alertes émises dès le 3 juillet par le Service météorologique national (NWS), les autorités locales et fédérales n’ont pas su ou voulu agir efficacement pour protéger les populations, en particulier les jeunes filles du Camp Mystic, un camp d’été chrétien installé en zone inondable à haut risque.
Les multiples avertissements – veille d’inondation, alertes de crues soudaines et urgence de crue – ont été ignorés ou minimisés par les responsables locaux. Le shérif Larry Leitha et le juge Rob Kelly ont admis n’avoir « rien vu venir », une excuse qui frise l’incompétence quand les prévisions étaient claires. Pourquoi aucun camp riverain n’a-t-il été évacué à temps ? Pourquoi des systèmes d’alerte efficaces dans d’autres villes manquaient-ils cruellement dans les zones sinistrées ? Ces manquements révèlent un grave défaut de préparation et de coordination.
Le Camp Mystic, où séjournaient 750 filles âgées de 8 à 17 ans, est devenu le symbole de cette tragédie évitable. Situé au bord de la rivière Guadalupe, ce camp ne disposait ni de plan d’évacuation nocturne, ni de surveillance en temps réel des niveaux d’eau, ni d’abris en hauteur, contrairement aux recommandations des spécialistes. Une jeune rescapée a raconté une évacuation chaotique au petit matin, alors que l’eau envahissait déjà les cabanes en bois. Cette absence de mesures élémentaires de sécurité dans une région à haut risque est inexcusable. Les responsables du camp et les autorités locales doivent être tenus pour responsables.
L’administration Trump porte une lourde part de responsabilité dans ce fiasco. Ses coupes budgétaires drastiques au sein du Service météorologique national (NWS) et de la NOAA ont gravement affaibli la capacité de prévision et de coordination. Depuis janvier 2025, près de 600 postes ont été supprimés, notamment dans des centres clés comme Austin/San Antonio. Le manque de personnel qualifié et de coordination a conduit à des prévisions sous-optimales et à une mauvaise communication avec les gestionnaires d’urgence locaux, comme l’a dénoncé le météorologue Troy Kimmel. Malgré la signature d’une déclaration de catastrophe majeure par Trump, ses décisions passées ont contribué à aggraver cette tragédie.
Les autorités locales ne sont pas non plus exemptes de reproches. Dalton Rice, directeur municipal de Kerrville, a avoué avoir couru près de la rivière à 4 heures du matin sans détecter de danger imminent. L’absence d’un système d’alerte local, abandonné pour des raisons financières, est une défaillance majeure. De plus, l’alerte officielle du NWS, pourtant donnée plusieurs heures avant la crue, n’a été relayée aux populations locales que trop tard, alors que les eaux envahissaient déjà les camps. Cette lenteur coûteuse est inacceptable.
Alors que les opérations de secours s’intensifient, avec drones et hélicoptères mobilisés, la douleur des familles endeuillées est immense. Ce désastre n’est pas une fatalité climatique mais le fruit d’un système défaillant, miné par une idéologie qui privilégie les coupes budgétaires à la protection des citoyens.