Londres, jeudi 10 juillet 2025 — Les prix du pétrole ont connu un léger recul ce jeudi matin, freinés par une hausse inattendue des stocks commerciaux de brut aux États-Unis et des inquiétudes persistantes quant à un possible excédent d’offre sur le marché mondial.
Vers 09h50 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre cédait 0,38 % à 69,92 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en août reculait de 0,54 % à 68,01 dollars.
Cette tendance à la baisse intervient après la publication par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) de données indiquant une hausse de 7,1 millions de barils des stocks de brut pour la semaine achevée le 4 juillet. Une augmentation surprenante, alors que les analystes interrogés par Bloomberg anticipaient une baisse de 1,6 million de barils.
« Le consensus autour d’un excédent de l’offre semble se confirmer, même si sa matérialisation prend plus de temps que prévu », observe Tamas Varga, analyste chez PVM.
La baisse reste toutefois contenue, en partie grâce à une demande américaine soutenue en essence. L’EIA a noté une augmentation de 6 % de la consommation, atteignant 9,2 millions de barils par jour, ce qui témoigne d’une dynamique estivale favorable liée aux déplacements.
Parallèlement, la faiblesse du dollar américain rend le pétrole plus attractif pour les acheteurs non américains, contribuant à maintenir une certaine stabilité des prix.
Les tensions en mer Rouge, ravivées par de nouvelles attaques contre des navires marchands revendiquées par les rebelles houthis au Yémen, continuent également d’exercer une pression haussière latente sur les prix. Cette voie maritime reste cruciale pour les flux pétroliers mondiaux.
Mais l’équilibre reste fragile. Les marchés s’inquiètent des implications économiques des politiques tarifaires annoncées par le président américain Donald Trump, notamment ses menaces de droits de douane punitifs sur les métaux stratégiques, comme le cuivre et les semi-conducteurs, ce qui pourrait peser sur la croissance mondiale — et donc sur la demande énergétique.
Du côté de l’offre, l’OPEP+ prévoit de relâcher progressivement les réductions volontaires de production à partir d’août. Huit pays membres, dont les Émirats arabes unis, devraient augmenter leurs quotas, ajoutant plus de 500 000 barils par jour à l’offre globale. Toutefois, des doutes persistent sur la capacité réelle de certains membres à atteindre leurs objectifs, notamment la Russie, confrontée à des difficultés logistiques.
Le marché pétrolier semble donc évoluer dans une zone d’incertitude, tiraillé entre signes de reprise de la demande, risques géopolitiques persistants, et spectre d’un excédent structurel d’offre.
« C’est un peu comme dans En attendant Godot, plaisante un analyste, le surplus d’offre est annoncé, redouté, mais ne se matérialise jamais tout à fait. »