La France s’apprête à vivre une semaine politique extrêmement tendue. L’avenir du Premier ministre François Bayrou se joue ce lundi 8 septembre, lors d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale qui s’annonce très défavorable.
Pour obtenir la confiance, Bayrou doit rassembler la majorité absolue des suffrages exprimés. Or, quasiment toutes les forces politiques ont annoncé leur opposition : du Rassemblement national (RN) à l’extrême droite, à La France insoumise (LFI) à gauche radicale, en passant par le Parti socialiste (PS). Du côté des Républicains (LR), les députés bénéficieront d’une liberté de vote, selon le chef du groupe Laurent Wauquiez, créant une fracture au sein du parti.
Si le gouvernement chute, Emmanuel Macron devra trancher entre trois options délicates : nommer un nouveau Premier ministre, maintenir un gouvernement provisoire ou dissoudre l’Assemblée nationale. Dans un contexte d’instabilité politique persistante depuis le début de son second mandat, aucune de ces solutions ne s’annonce simple.
Deux jours après le vote de confiance, la France pourrait connaître une journée de blocage national. L’appel « Bloquons tout le 10 septembre » circule sur les réseaux sociaux, rassemblant militants politiques et syndicats, notamment LFI et la CGT. Les transports, l’éducation, les hôpitaux, le commerce et d’autres secteurs pourraient être touchés. Des actions symboliques, allant jusqu’à des sabotages, sont également envisagées. Selon les services de renseignement, près de 100 000 personnes pourraient être impliquées, même si le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, minimise le risque d’un mouvement massif.
Dans les médias, Bayrou a dénoncé « des forces politiques en guerre civile les unes avec les autres » mais capables de s’unir pour « abattre le gouvernement ». Malgré un apparent fatalisme, le Premier ministre souligne l’importance de ses neuf mois à Matignon et regrette l’absence d’une grande réforme de l’Éducation nationale.
En arrière-plan, la chute probable de Bayrou révèle un malaise politique plus profond, lié à la défiance du peuple envers ses élus et à la montée des tensions sociales, qui pourrait peser sur la vie politique jusqu’à l’élection présidentielle de 2027 et au-delà.
Si le gouvernement tombe, le PS se positionne pour tenter de reprendre Matignon. Olivier Faure, premier secrétaire du parti, revendique légitimement le pouvoir, soutenu par François Hollande et Patrick Kanner, chef des sénateurs PS. Cependant, la cohabitation avec les Insoumis semble compromise, ces derniers qualifiant la stratégie socialiste d’« escroquerie ».
Du côté des Républicains, Laurent Wauquiez a laissé une liberté de vote à ses députés, contredisant Bruno Retailleau qui refuse qu’un Premier ministre socialiste dirige Matignon. La direction de LR se retrouve donc tiraillée entre pragmatisme et fermeté idéologique, au moment où la politique française est plus que jamais fragmentée.