Il est incontestable, dans notre Algérie accablée, que nul ne saurait contester l’influence délétère des écrans, du cinéma et des séries sur l’esprit des spectateurs. Ces fictions, par leur emprise excessive, transforment l’individu en une autre entité, obsédée au point d’oublier sa propre existence pour s’immerger dans un univers illusoire. Lorsque la confrontation avec la réalité survient, le choc est violent : le gouffre entre l’image idéalisée et la vérité brute. Tel est le cas des feuilletons égyptiens, turcs et syriens, ces fabriques de chimères qui dépeignent une existence falsifiée et incitent des femmes – mariées, célibataires, divorcées, mineures – ainsi que des homosexuels, à quitter le pays en masse.
Frustration intime, vide affectif, crise aiguë de la virilité nationale : voilà le terreau qui projette nos compatriotes féminines dans les bras d’hommes occidentaux, perçus comme les derniers détenteurs de force et de tendresse. Des milliers de jeunes filles, envoûtées par les « Mohannad » turcs ou les « Ahmed Ezz » égyptiens, se laissent séduire par des scènes d’amour enflammé, de caresses infinies, de relations charnelles portées à l’excès. Elles adhèrent pleinement à ce mirage construit sur des décors factices.
Puis vient la désillusion : un époux qui ne perçoit plus sa présence, incapable d’un regard, d’un sourire, d’un murmure tels que les œuvres dramatiques les promettent. L’étranger – turc, syrien ou égyptien – réduit alors l’Algérienne à une concubine du sultan, objet de plaisir éphémère, revendue à des tiers pour une somme dérisoire. D’une prostitution autrefois encadrée par l’État, avec papiers et protection militaire, nous sommes passés à une traite clandestine sans aucune garantie. Nos filles passent de lit en lit, d’homme en homme, sans que l’État ne perçoive le moindre bénéfice.
Dès lors, la junte militaire envisage d’intégrer ces femmes dans des réseaux internationaux – Émirats arabes unis, Marseille, Afrique du Sud – afin de canaliser les revenus directement vers les comptes des généraux. La plus ancienne profession du monde, ancrée en Algérie, se mue en source de profit pour la caste au pouvoir. Et l’avenir ? Une exploitation accrue de ces vies sacrifiées au profit des uniformes.


























