Le débat sur le retour des réfugiés syriens en Allemagne prend une tournure plus vive cette semaine, opposant au sein même du parti conservateur CDU/CSU le chancelier Friedrich Merz et le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul. Alors que Merz prône un rapatriement large, n’excluant pas l’expulsion des Syriens refusant de retourner dans leur pays, Wadephul adopte une approche plus prudente, suscitant des critiques au sein de son parti.
Lors d’un déplacement à Husum, Merz a déclaré : « Il n’y a désormais plus aucune raison de demander l’asile en Allemagne. Ce pays a maintenant besoin de toutes ses forces, et surtout des Syriens, pour sa reconstruction. Et c’est pourquoi il y aura certainement beaucoup de personnes qui retourneront d’elles-mêmes dans leur pays ». Le chancelier a ajouté que les autorités allemandes pourraient expulser ceux qui refuseraient de rentrer, marquant un durcissement inédit de la politique migratoire allemande. Merz a par ailleurs annoncé avoir invité le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh en Allemagne pour discuter d’une stratégie conjointe visant à faciliter le retour des réfugiés.
En revanche, lors d’une visite à Harasta, dans la banlieue de Damas, Wadephul avait mis en garde contre un retour massif à court terme. « Je n’ai jamais été témoin d’une telle ampleur de destruction. Il est quasiment impossible pour les habitants d’y vivre dignement », avait-il déclaré, insistant sur le fait que le retour volontaire ne pourrait concerner qu’un nombre limité de personnes dans l’immédiat. Concernant les expulsions, le ministre a évoqué « de très rares cas exceptionnels » pouvant être résolus par un retour en Syrie, ce qui contraste avec la ligne plus ferme de Merz.
Ces propos ont déclenché de vives réactions au sein du parti conservateur. Le vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU, Krings, a affirmé au journal Bild que la fin de la guerre civile justifiait un retour pour la grande majorité des Syriens, et que le niveau de destruction ne devait pas constituer un obstacle légal ou moral. Schulze, président de la CDU en Saxe-Anhalt et membre du comité exécutif fédéral, a ajouté : « La raison pour laquelle des centaines de milliers de Syriens ont fui est la guerre civile, désormais terminée. Il est impératif d’élaborer une stratégie ciblée pour un retour rapide de ces personnes. »
Le secrétaire général de la CDU, Linnemann, a quant à lui qualifié le débat de « faux conflit » sur la chaîne ARD, en précisant que les expulsions de criminels doivent être appliquées immédiatement et que le reste des cas sera traité conformément à la loi. Le ministre de l’Intérieur, Dobrindt (CSU), a soutenu cette position, rejoignant en partie Merz sur la nécessité d’une politique de retour plus ferme.
Selon les données officielles, environ un million de Syriens résident actuellement en Allemagne, majoritairement arrivés lors du pic migratoire de 2015-2016. Début juillet, le ministère de l’Intérieur avait déjà annoncé travailler à l’expulsion de délinquants syriens, soulignant le double défi auquel est confronté le gouvernement : concilier devoir humanitaire et exigences de sécurité nationale.



























