Il n’est pas commun d’entendre le PDG d’une grande firme technologique demander en personne aux législateurs d’établir un projet de loi qui pourrait restreindre sa propre entreprise. Et pourtant, c’est ce que Tim Cook, le PDG d’Apple a fait le vendredi 22 novembre 2019, comme nous le rapporte The Verge.
En effet, si les régulateurs militent depuis des années pour l’adoption d’une loi fédérale sur la confidentialité des données, Tim Cook a joint sa voix aux leurs. La raison en est que pour ce chef d’entreprise, les régulateurs perdent du temps à trop se focaliser sur les politiques antitrust et non, sur la confidentialité des données des consommateurs.
C’est dans une interview accordée à ABC News que le PDG d’Apple a expliqué pourquoi, selon lui, les régulateurs se trompent de priorité.
Tim Cook admet volontiers que les Big Tech font parfois la sourde oreille
Durant son interview, Tim Cook a déclaré que les grandes firmes technologiques n’avaient pas corrigé leurs erreurs et qu’il est grand temps que le gouvernement prenne les mesures qu’il faut.
Et pour le PDG, les mesures en question seraient l’adoption d’une loi fédérale sur la protection de la vie privée.
Je pense que nous pouvons tous admettre que, lorsque vous essayez de faire quelque chose et que les entreprises ne se contrôlent pas elles-mêmes, il est temps d’adopter une réglementation rigoureuse et je pense que nous avons dépassé ce stade.
Pour Tim Cook, les régulateurs se trompent de priorité
Le fondateur d’Apple a également déploré le fait que les régulateurs soient obnubilés par les mesures antitrust et accusaient les entreprises technologiques de pratiques anticoncurrentielles pouvant porter préjudice aux consommateurs.
Alors qu’actuellement, les régulateurs cherchent à diviser les sociétés technologiques comme Facebook en des entités séparées et plus petites, Tim Cook affirme que là n’est pas la solution, « diviser les grandes entreprises technologiques sans prêter attention à la quantité de données d’utilisateurs qui est encore en train d’être collectée est inutile», assure-t-il.
Si monopole et abus de monopole il y a, Cook consent à ce que la dissolution de l’entreprise puisse être envisagée
Par ailleurs, concernant les accusations de monopole, le PDG a souligné que si ces accusations étaient confirmées, et « c’est aux tribunaux et aux régulateurs de le prouver » a-t-il dit, et qu’il était établi que les entreprises technologiques avaient abusé de leur monopole, alors le chef d’entreprise consent à ce que la dissolution de l’entreprise soit l’une des mesures pouvant être prises.
L’interview de Tim Cook s’est tenu quelques jours à peine après sa visite d’une usine de fabrication de produits électroniques dans une zone située à l’extérieur d’Austin, accompagnée de Donald Trump, l’actuel président des États-Unis.
Rappelons en effet que Tim Cook siège au conseil consultatif du président sur la politique du personnel et que quand le numéro un des États-Unis répétait incessamment qu’il fallait que les entreprises américaines fassent construire leurs produits aux États-Unis, il parlait en particulier d’Apple, comme Trump le confesse d’ailleurs volontiers : « Je parlais toujours d’Apple, je voulais voir des usines Apple construire aux États-Unis et c’est chose faite », a-t-il déclaré aux journalistes à l’issue de la visite de l’usine.