L’échange de prisonniers entre l’Iran et la Suède, impliquant la libération de Hamid Noury, un ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire iranienne, suscite une vive polémique. Noury, condamné à perpétuité en Suède pour son rôle dans les exécutions de masse de 1988, a été échangé contre Johan Floderus et Saeed Azizi, deux Suédois retenus en Iran.
Timba avait été arrêté en 2019 à Stockholm après avoir été attiré par des opposants iraniens avec l’aide de son gendre. Son arrestation avait été rendue possible par l’extraterritorialité des crimes les plus graves en droit suédois. Noury a été condamné en juillet 2022 à la perpétuité pour « crimes aggravés contre le droit international » et « meurtres », marquant une première mondiale pour de tels faits. Les groupes de défense des droits humains estiment qu’au moins 5 000 prisonniers ont été exécutés en Iran à l’été 1988 par les « comités de la mort ».
Des mouvements d’opposition iraniens en exil et des ONG de défense des droits humains ont vivement critiqué cet échange. « Libérer Hamid Noury, reconnu coupable par un tribunal suédois d’avoir participé à l’exécution massive de prisonniers politiques, récompenserait les preneurs d’otages et les criminels. Cela envoie le message que quels que soient les crimes commis, nous sommes prêts à dialoguer », a déclaré le directeur de l’ONG Iran Human Rights sur X.
Le gouvernement suédois a défendu sa décision malgré les critiques. « Dans des circonstances normales, Hamid Noury aurait dû purger sa peine », a déclaré le ministre de la Justice, Gunnar Strommer. Cependant, il a souligné que la situation était exceptionnelle, impliquant deux citoyens suédois détenus en Iran sous des motifs arbitraires, dont l’un risquait la peine de mort. « C’était une décision difficile, mais le gouvernement devait la prendre », a ajouté le ministre.
Le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, a assuré que Stockholm avait tenté d’inclure Ahmad Reza Jalali, un autre Suédois détenu en Iran, dans l’échange. Cependant, Téhéran a refusé de discuter de son cas en raison de sa double nationalité, que l’Iran ne reconnaît pas. Jalali, condamné à mort depuis 2017 pour espionnage, reste une source de préoccupation majeure.
L’Iran détient encore huit citoyens européens, que des ONG considèrent comme des « otages » utilisés pour obtenir la libération d’Iraniens détenus à l’étranger. Le récent échange de prisonniers pourrait exacerber les tensions et inciter Téhéran à poursuivre cette stratégie controversée.