Le 25 novembre 2024, des milliers de partisans de l’ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, ont défilé aux portes d’Islamabad pour exiger la libération de leur leader emprisonné. Faisant face à l’intensification de la répression, les manifestants ont été confrontés à l’usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc de la part des forces de l’ordre déployées en masse. Le bilan de ces affrontements est lourd : un policier tué et plusieurs autres blessés, selon les autorités locales.
Depuis dimanche, plus de 20 000 membres des forces de sécurité ont été déployés autour de la capitale, et l’« article 144 », qui interdit tout rassemblement de plus de quatre personnes, a été instauré pour deux mois. Les autorités ont intensifié leur stratégie de contrôle en bloquant des routes avec des containers, un phénomène qui a valu à Islamabad le surnom de « Containeristan » selon certains observateurs. Cette stratégie a perturbé la vie quotidienne des habitants, notamment les travailleurs journaliers dont les revenus dépendent de la liberté de circulation.
Malgré la répression, les partisans d’Imran Khan restent déterminés. Des leaders de l’opposition ont exhorté leurs partisans à rejoindre la capitale et à ne pas céder face aux menaces. Kalat Khan, un manifestant de 56 ans, a déclaré : « Nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour lui. » Ces protestations ne sont pas un acte isolé mais s’inscrivent dans une série de manifestations depuis l’arrestation de Khan l’année dernière.
Les écoles d’Islamabad, fermées depuis lundi matin, resteront à nouveau fermées mardi, ont annoncé les autorités. Parallèlement, le ministère de l’Intérieur a averti que l’accès à Internet mobile et au Wi-Fi serait suspendu dans les zones considérées comme sensibles en raison de préoccupations sécuritaires.
La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale organisation de défense des droits civils du pays, a critiqué ces mesures, soulignant que les fermetures des principales routes reliant Islamabad au Pendjab et au Khyber-Pakhtunkhwa pénalisaient gravement les citoyens ordinaires, en particulier les travailleurs journaliers dont le salaire dépend de leur capacité à se déplacer librement.
Les partisans d’Imran Khan, l’ancien Premier ministre actuellement emprisonné et poursuivi dans plusieurs affaires, restent résolus. Kalat Khan, 56 ans, se décrit comme un « soldat d’Imran Khan », prêt à « sacrifier sa vie » pour lui. « Nous irons à D-Chowk et resterons là jusqu’à ce qu’Imran Khan soit libéré », déclare-t-il. De même, Raïs Khan, 36 ans, renchérit : « Nous restons là-bas jusqu’à ce qu’il soit libéré. »
Le gouverneur du Khyber-Pakhtunkhwa, Ali Amin Gandapur, a également exhorté ses partisans à se rendre à Islamabad et à y rester jusqu’à la libération d’Imran Khan et de ses alliés. Il a lancé un message fort aux autorités : « Vous pouvez nous tirer dessus, nous bombarder et bloquer les routes. Si la situation dégénère, vous en serez responsables. »
Imran Khan, qui a exercé ses fonctions de Premier ministre de 2018 à 2022, est poursuivi pour des accusations de corruption et pour les violences de ses partisans lors de manifestations. En juillet dernier, un groupe d’experts de l’ONU avait qualifié sa détention d’arbitraire et avait appelé à sa libération immédiate.
Les tensions restent vives au Pakistan, où les partisans d’Imran Khan continuent de manifester en dépit des répressions. Des arrestations récentes, notamment celle de dix députés de son parti, ont ravivé la mobilisation, notamment après l’adoption d’une loi stricte régissant les manifestations à Islamabad.
Les autorités, en cherchant à restaurer l’ordre, font face à des critiques de plus en plus nombreuses, notamment concernant la limitation des libertés publiques et la mise en place de lois perçues comme répressives.
Face à l’escalade de la violence, la diplomatie internationale, notamment des États-Unis, a appelé à la retenue, exhortant à la fois les manifestants à rester pacifiques et les autorités pakistanaises à respecter les droits humains. Cependant, la situation reste tendue et incertaine, avec un avenir politique marqué par les tensions et les incertitudes judiciaires autour de Khan, jugé pour des accusations de corruption et de violences liées à ses soutiens.