La Cour constitutionnelle roumaine a validé, lundi, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, confirmant ainsi la tenue d’un second tour crucial le 8 décembre. Ce duel opposera deux figures aux visions politiques diamétralement opposées : Calin Georgescu, un candidat d’extrême droite aux accents mystiques et prorusses, et Elena Lasconi, maire centriste d’une petite ville, soutenue par l’Union pour la Sauvegarde de la Roumanie (USR). Cette confirmation intervient après un recomptage des voix, suite à des accusations de fraudes électorales qui ont secoué le pays, mais aucune fraude significative n’a été détectée, apaisant les inquiétudes des électeurs et des observateurs internationaux.
Le premier tour a révélé une percée inattendue de Georgescu, un homme politique controversé aux positions nationalistes et prorusses, qui a su capter l’attention d’une partie de l’électorat. Son ascension représente un défi majeur pour l’UE et l’OTAN, dont la Roumanie fait partie. L’influence de Moscou sur son discours a soulevé des inquiétudes, notamment concernant l’avenir de la Roumanie au sein de ces institutions. En effet, alors que le pays se trouve à la frontière de la guerre en Ukraine, l’orientation de ses dirigeants pourrait avoir des conséquences graves sur la stabilité régionale et sur les relations avec ses voisins européens.
Lors du second tour, Georgescu fera face à Lasconi, qui représente un autre visage politique : celui de la modération et du centrisme. La maire, bien que peu connue sur la scène nationale, a su susciter un large soutien populaire grâce à son image de politique locale compétente et pragmatique. Son projet, axé sur la modernisation et l’unité, séduit les électeurs en quête de stabilité et de réformes économiques. Toutefois, son ascension s’inscrit dans un contexte politique de plus en plus fragmenté.
Le paysage parlementaire de la Roumanie est en effet marqué par une poussée spectaculaire de l’extrême droite, notamment du parti AUR (Alliance pour l’Union des Roumains), qui a récolté près de 18 % des voix lors des élections législatives récentes. Ce bloc nationaliste, d’abord marginal, gagne en influence, alimenté par un sentiment de mécontentement social grandissant face aux difficultés économiques et à la crise politique. Le taux de chômage élevé, l’inflation, et les effets de la guerre en Ukraine accentuent un climat de frustration parmi les 19 millions d’habitants de la Roumanie, de plus en plus désillusionnés par les élites politiques traditionnelles.
Les législatives ont fait émerger un parlement fragmenté, où aucun parti n’a la majorité absolue. Cette situation rend difficile la formation d’un gouvernement stable, d’autant plus que l’extrême droite, bien que puissante, ne dispose pas des alliances nécessaires pour gouverner seule. C’est dans ce contexte politique particulièrement instable que la présidentielle prend une importance capitale. Le président roumain, bien que sa fonction soit principalement protocolaire, joue un rôle clé dans la nomination du Premier ministre et l’orientation de la politique étrangère. Ainsi, le choix des électeurs pour ce poste pourrait avoir des conséquences profondes sur la direction du pays.
En outre, la question du positionnement de la Roumanie vis-à-vis de l’UE et de l’OTAN reste au cœur des préoccupations. Dans un contexte de guerre en Ukraine, de tensions diplomatiques croissantes et de défis économiques majeurs, le président roumain pourrait jouer un rôle déterminant dans le maintien de la stabilité régionale et dans la consolidation des alliances internationales. Le choix entre un candidat prorusse comme Georgescu et une centriste pro-européenne comme Lasconi pourrait orienter la Roumanie vers une trajectoire radicalement différente.