Le ciel nigérian reste dégagé mais les avions, eux, restent cloués au sol. Depuis le début de la semaine, une grève « à durée indéterminée » lancée par les agents de l’Agence nigériane de météorologie (NiMet) a provoqué une paralysie inédite du trafic aérien dans le pays le plus peuplé d’Afrique. En l’absence de prévisions officielles, indispensables pour garantir la sécurité des vols, plusieurs compagnies aériennes ont été contraintes de suspendre leurs activités.
Jeudi, la compagnie nationale Air Peace, plus grand opérateur aérien du Nigeria, a annoncé l’annulation de l’ensemble de ses vols intérieurs « jusqu’à nouvel ordre ». Elle dessert plus de 20 destinations nationales, ainsi que plusieurs liaisons internationales, notamment vers l’Europe. Une autre compagnie, NG Eagle, a elle aussi suspendu ses vols, sans certitude quant à une reprise dès le lendemain.
Les aéroports d’Abuja, Lagos et Kano, principaux hubs du pays, ont été touchés de plein fouet par ce mouvement social. Des passagers en attente, des files d’attente prolongées et des annulations en cascade ont rythmé la journée de jeudi. Bien que certaines compagnies aient réussi à maintenir des vols en s’appuyant sur des sources météorologiques alternatives, la situation reste fragile et fortement perturbée.
Cette grève intervient au début de la saison des pluies, une période critique marquée par des conditions météorologiques instables et parfois dangereuses. « Faute de rapports météo certifiés, il est impossible de garantir des atterrissages sûrs », a justifié Air Peace dans un communiqué.
Le mécontentement des agents de NiMet porte principalement sur la dégradation de leurs conditions de travail et sur la stagnation de leurs salaires. Un expert en droit commercial, Ifeanyi Ejiofor, a vertement critiqué la réponse du gouvernement, la qualifiant de « négligente et irresponsable ». Selon lui, « l’effet en cascade est immédiat et dévastateur : passagers bloqués, pertes économiques colossales, interruption d’activités vitales ».
Face à l’ampleur des perturbations, le ministre de l’Aviation, Festus Keyamo, a convoqué une réunion d’urgence avec les représentants syndicaux ce jeudi afin de trouver une sortie de crise. Mais jusqu’à nouvel ordre, c’est toute l’aviation intérieure nigériane qui demeure suspendue… à un fil.