Hyderabad, 18 mai 2025 – Le cœur du sud de l’Inde s’est réveillé dans l’horreur. Dix-sept vies anéanties, plusieurs blessés graves, des familles brisées à jamais… Telle est l’issue tragique d’un incendie ravageur survenu dans un immeuble situé à proximité du monument historique Charminar, à Hyderabad. Encore une fois, l’Inde pleure des morts évitables, pris au piège dans des constructions défaillantes, symboles d’un laxisme urbanistique devenu criminel.
L’incendie s’est déclaré au rez-de-chaussée du bâtiment Krishna Pearls, abritant une bijouterie. En quelques minutes, les flammes ont dévoré les étages supérieurs, où vivaient une vingtaine de personnes. Le bilan est effroyable : 17 morts, tous retrouvés inconscients, asphyxiés par les fumées ou victimes de brûlures fatales. Le feu a été causé, selon les premiers rapports, par un court-circuit électrique – une cause tristement banale dans un pays où les normes de sécurité sont souvent ignorées ou contournées.
Le directeur général des pompiers du Telangana, Y. Nagi Reddy, a décrit un immeuble à la conception dramatique : un unique escalier étroit, une seule sortie, rapidement bloquée par l’incendie. « L’évacuation a été presque impossible », a-t-il déclaré. En somme, un véritable cercueil vertical pour ses occupants.
Des témoins décrivent une scène de panique, des cris, des tentatives désespérées de fuir par les balcons. Plusieurs personnes ont été extraites inconscientes, certaines ont succombé malgré les efforts de réanimation à l’hôpital. Le feu a été finalement maîtrisé, trop tard pour sauver ceux prisonniers des étages.
« L’accident est dû à un court-circuit, et de nombreuses personnes sont mortes », a déclaré sans détour le ministre fédéral G. Kishan Reddy, présent sur les lieux. Une phrase terriblement banale, comme si la mort par négligence était devenue une statistique admise en Inde.
Les incendies meurtriers ne sont pas une fatalité, mais le symptôme d’un système corrompu et négligent. En Inde, les violations flagrantes des règles de construction, le bricolage électrique, l’absence de sorties de secours, d’extincteurs, de détecteurs de fumée sont monnaie courante – tant dans les logements populaires que dans les bâtiments commerciaux. Et chaque nouvelle tragédie semble être oubliée dès que les cendres se refroidissent.
Le Premier ministre Narendra Modi a exprimé sur le réseau X sa « profonde angoisse » et promis une compensation financière aux familles endeuillées. Mais à quoi sert l’argent face à la perte d’un enfant, d’un parent, d’une vie volée par l’indifférence ?
Combien d’alertes faudra-t-il avant que l’Inde ne réforme son système de sécurité incendie obsolète ? Combien de drames faudra-t-il avant que les autorités sanctionnent réellement les promoteurs fautifs, et que les bâtiments illégaux soient fermés, rénovés ou détruits ? Combien de morts encore pour qu’on cesse de construire des pièges à feu dans des villes déjà suffocantes ?
Le feu d’Hyderabad ne s’est pas contenté d’embraser des murs. Il a consumé la confiance dans un système qui laisse mourir sans alerter, sans protéger.. Ce drame doit être le dernier d’une série honteuse, et le point de départ d’une prise de conscience nationale.